« Tous les patrons ne sont pas des exploiteurs »

17 septembre 2018, par Frédéric Paulus

Dans un récent courrier, notre ami François Maugis se demande « quelle est la raison profonde de cette inégalité entre les hommes qui est devenue phénoménale, qui s’accroît et qui, semble-t-il, est à l’origine des dangereuses tensions du monde d’aujourd’hui ? Ce n’est pas une question anodine. Et cela vaut sans doute la peine de creuser le sujet ».
Je crois que l’égalité est une notion indécelable au niveau de la nature. C’est une sorte de postulat pour un biologiste. Chaque espèce vivante se caractérise par son unicité génétique qui la détermine singulièrement. Ce serait sur ces caractéristiques que s’amplifieraient des différences sociales plus ou moins développées selon les cultures. Les enfants élevés dans les Kibboutz (première génération) montrèrent des comportements fraternels et solidaires très développés. Dans certaines autres sociétés ces différences seraient exacerbées. Citons par exemple le cas où le plus fort physiquement était récompensé. Devenant riche (matériellement) et puissant grâce à sa force, s’est-il associé à ceux chargés de confisquer le pouvoir et de formuler lois et décrets, parfois même jusqu’à légitimer des guerres ? Marx, réduisant l’infrastructure à l’économie, a partiellement raison en disant que « l’infrastructure détermine la superstructure ». L’infrastructure est aussi déterminée dans ses racines humaines par des potentialités génétiques, notamment égoïstes et altruistes que condense notamment notre génome. Mais ces potentialités seront, dans une société donnée, développées en partie seulement, rarement égalitairement, comme altruistes et égoïstes en même temps. (Ce que le Président Macron devrait comprendre). Les potentialités génétiques qui peuvent équiper certains acteurs « économiques » de force physique peuvent s’alimenter également culturellement d’une force idéologique. Ces deux forces associées nous feront alors croire « qu’il y aura toujours des riches et des pauvres ». N’oublions pas que Marx avait très justement pensé aux appareils idéologiques (publics, comme l’école et privés, les médias) qui soutiennent cette prétendue « évidence ».
Il faut considérer comment les enfants sont « éduqués » en prenant du recul. Les parents attendent d’eux qu’ils rapportent de bonnes notes, privilégiant l’avoir à l’être. Sans que nous en ayons pleinement conscience (voir l’émission sur Arte « Demain l’école » de Frédéric Castagnède, 2018), cette course compétitive à la « meilleure » note passe à côté de l’épanouissement de l’enfant et du développement de son comportement solidaire potentiellement altruiste. Ensuite viendront la « meilleure » école, le « meilleur » parti matrimonial, etc.
Le questionnement de François Maugis se télescope avec ma lecture du (grand) livret (en nombre de pages) d’Eric Vuillard, « L’ordre du jour », 2017, qui relate la réunion d’une brochette de PDG allemands et donc de firmes autour des familles Krupp et Von Opel, dans lequel on relève ainsi les noms de :

Ernst Brandi, chairman of Bergbauverein Ernst Brandi, président de Bergbauverein. Brandi deviendra chef du groupe de la Ruhr dans l’industrie des mines de charbon.
Karl Büren, director general of Braunkohlen - und Brikettindustrie AG, board member of Deutschen Arbeitgeberverbände Karl Büren, directeur général de Braunkohlen - und Brikettindustrie AG, membre du conseil d’administration des associations patronales. August Diehn, board member ofWintershall AGLudwig Grauer
Guenther Heubel, director general of C. TH. Guenther Heubel, directeur général de C. TH. Heye Braunkohlenwerke AG, board member of Deutschen Arbeitgeberverbände Heye Braunkohlenwerke AG, membre du conseil d’administration de Deutschen Arbeitgeberverbände
Gustav Krupp von Bohlen und Halbach Gustav Krupp von Bohlen et Halbach (ci-dessous une information plus explicite).
Hans von und zu Loewenstein, executive member of Bergbauverein Hans von und zu Loewenstein, membre exécutif de Bergbauverein.
Fritz von Opel, board member of Adam Opel AG Fritz von Opel, membre du conseil d’administration d’Adam Opel AG (voitures Opel).
Günther Quandt, major industrialist, later appointed Leader of the Armament Economy (Wehrwirtschaftsführer) Günther Quandt, grand industriel, nommé plus tard chef de l’économie de l’armement (Wehrwirtschaftsführer).
Wolfgang Reuter, director general of Demag, chairman of Vereins Deutscher Maschinenbau-Anstalten, presidential member of Reichsverbands der Deutschen Industrie Wolfgang Reuter, directeur général de Demag, président de Vereins Deutscher Maschinenbau-Anstalten, membre présidentiel de Reichsverbands der Deutschen Industrie
August Rosterg, director general of Wintershall AG August Rosterg, directeur général de Wintershall AG.
Hjalmar Schacht Hjalmar Schacht.
Georg von Schnitzler, board member of IG Farben Georg von Schnitzler, membre du conseil d’administration d’IG Farben. Admis au parti nazi en 1931, il sera reconnu comme grand criminel de guerre au procès de Nuremberg.
Eduard Schulte, director general of Giesches Erben, Zink und Bergbaubetrieb Eduard Schulte, directeur général de Giesches Erben, Zink und Bergbaubetrieb.
Fritz Springorum, Hoesch AG Fritz Springorum, Hoesch AG (Industrie métallurgique).
Hugo Stinnes Jr., board member of Reichsverband der Deutschen Industrie, member of the Supervisory board of Rhenish-Westphalian Coal Syndicate Hugo Stinnes Jr., membre du conseil d’administration de Reichsverband der Deutschen Industrie, membre du conseil de surveillance de Rhenish-Westphalian Coal Syndicate.
Ernst Tengelmann, CEO of Gelsenkirchener Bergwerks AG Ernst Tengelmann, PDG de Gelsenkirchener Bergwerks AG. Il accorde un soutien financier considérable au parti nazi. His sons, Walter and Wilhelm also worked actively for the Nazi party. Ses fils, Walter et Wilhelm, ont également travaillé activement pour le parti nazi. [2] [3]
Albert Vögler, CEO of Vereinigte Stahlwerke AG Albert Vögler, PDG de Vereinigte Stahlwerke AG. Il se suicide pour éviter la capture américaine.
Ludwig von Winterfeld, board member of Siemens & Halske AG and Siemens-Schuckertwerke AG Ludwig von Winterfeld, membre du conseil d’administration de Siemens & Halske AG et de Siemens-Schuckertwerke AG (usine d’électricité actuelle, produit des armes en 1940).
Wolf-Dietrich von Witzleben, head of the office of Carl Friedrich von Siemens Wolf-Dietrich von Witzleben, chef du bureau de Carl Friedrich von Siemens.
Kurt Schmitt, membre du conseil d’administration d’Allianz AG (société d’assurance).
August von Finck, served on numerous boards and committees. August von Finck, membre de nombreux conseils et comités.

Concernant Krupp : La deuxième guerre mondiale finie, en quelques années, la compagnie Krupp redevient l’une des plus grandes sociétés au monde. Le 14 avril 1960, Alfried Krupp annonce que toutes les filiales ont de nouveau fusionné en une seule société sous sa direction. En 1963, il est l’industriel le plus puissant du marché commun. Cependant, en 1967, ses finances s’effondrent. Juste avant sa mort, il est contraint de transférer le contrôle du consortium à une fondation. Selon cet accord, le fils héritier de Krupp, Arndt (surnommé « le plus célèbre playboy de la Ruhr ») renonce à toute revendication sur les entreprises de son père contre une rente annuelle viagère de deux millions de marks. Ayant renoncé à son héritage, il n’est également plus autorisé à utiliser le nom de Krupp, réservé aux seuls ayants droit de l’héritage en question.

« En 1931, First Hermann Göring gave a short speech in which he emphasized the importance of the current election campaign. Hermann Göring prononce un bref discours dans lequel il souligne l’importance de la campagne électorale en cours. Then Hitler appeared and gave a ninety-minute speech. Puis Hitler apparaît et prononce un discours de quatre-vingt-dix minutes. He praised the concept of private property and argued that the Nazi Party would be the nation’s only salvation against the communist threat. Il fait l’éloge du concept de propriété privée et fait valoir que le parti nazi serait le seul salut de la nation contre la menace communiste. The basis of the Nazi Party is the national idea and the concern over the nation’s defense capabilities. La base du parti nazi est l’idée nationale et le souci des capacités de défense de la nation. Life is a continuous struggle and only the fittest could survive. La vie est une lutte continue dans laquelle seuls les plus aptes pourront survivre. Concurrently, only a militarily fit nation could thrive economically. Parallèlement, seule une nation en bonne forme militaire peut prospérer économiquement ». [3](Extrait de Google).
Hitler devient chancelier allemand le 30 janvier 1933. Il dispose d’une marge de manœuvre financière considérable - récoltée auprès de ces dirigeants d’entreprises soucieux de faire fructifier leurs capitaux - pour réaliser son « œuvre ».

Tous les patrons ne sont pas des exploiteurs à s’accorder vingt mille fois le SMIG ! Certains, dans l’ombre, soutiennent notamment le développement de nos frères africains ! Quand braquerons-nous les projecteurs sur leurs démarches et leurs motivations à 10 fois le SMIG ?
Voir également : https://www.lexpress.fr/culture/livre/eric-vuillard-quand-l-industrie-allemande-se-compromettait-avec-le-nazisme_1905583.html

Frédéric Paulus


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