Tous sur le même bateau

20 mars 2006

À la lecture de la presse suite à l’arrivée du ministre Baroin, force est de constater que les patrons ont eu leur sucette. Rappelez-vous leur inquiétude avant l’arrivée du Premier ministre. Quel sera le montant de l’indemnisation ? Qui sera indemnisé ? Quand ? En un mot c’était à qui crierait le plus fort. Etc. Etc. Le grand chef est arrivé, a annoncé et s’en est allé.
Quelles furent leurs réactions ? Déception, critiques acerbes, on allait voir ce qu’on allait voir, le patron du MEDEF lui même est monté au créneau pour signifier au ministre qu’il ne foulerait pas le sol réunionnais, manifestation à la préfecture, et j’en passe...
Quand De Villepin était à la préfecture et après son discours, tout le gratin ne faisait que tarir d’éloges le chef du gouvernement malgré l’oubli (volontaire) des travailleurs du secteur privé. Virapoullé aussi s’en est mêlé a déclaré que "le docteur est passé et que l’ordonnance est bonne". C’est le même personnage qui, accueillant son hôte à l’aéroport à une époque, jubilait et criait à qui bon lui semble que la valise était pleine.
Il y avait un gâteau et il fallait le partager. Cela me fait penser à la jungle où dès qu’un animal est blessé ou mourant, les rapaces attendent avec impatience le moment du partage de la carcasse pour et se remplir la panse et se vautrer.
À la lecture des journaux du samedi 18 mars, les commentaires signifiaient la fin de leur colère et tout le monde rentrait dans les rangs et il était écrit même que Baroin mettait fin à la contestation. Cela me fait penser qu’à une époque, un homme politique de droite disait à propos de ses collègues : "criez, criez vous passerez quand même à la soupe".
Et dire que certains traitent les Réunionnais les plus pauvres d’assistés. S’il est normal que la solidarité nationale s’exprime parce ce que nous sommes français, encore faut-il que celle-ci n’exclut pas une partie de la population notamment les travailleurs du privé.
J’ai rencontré vendredi 17 mars un ouvrier du bâtiment, de 50 ans, touché par le chikungunya depuis un mois, qui travaille au chantier du basculement, en arrêt de maladie qui me disait que son entreprise ne voulait plus qu’il reprenne son travail et d’aller se renseigner à la Sécurité sociale et à l’ASSEDIC. Je lui ai donné des conseils pour qu’il se rapproche de son syndicat, des Prud’hommes et de mener le combat contre son employeur qui lui reprochait de ne plus être productif. Cet ouvrier m’a montré sa main, qui du temps où il était valide, a été blessée sur son lieu de travail et opérée. Quand il ferme son poing, son doigt ne réagit plus. C’était l’époque où il était en bonne santé et que l’ employeur avait besoin de lui. Aujourd’hui, malade, on lui signifie que la porte est ouverte...
L’économie du pays est touchée, personne ne le conteste et il nous faudra beaucoup de temps à nous remettre. Mais de grâce, il n’y a pas que les patrons. S’il n’y a pas de travailleurs, il n’y a pas de patrons, mais la réciproque est aussi vraie. Nous sommes tous sur le même bateau.

Claude


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