Travaux Révolutionnaires de la neuroépigénéticienne Isabelle Mansuy

13 août 2019, par Frédéric Paulus

La génétique au-delà de Darwin et de Mendel est en train de vivre sa révolution copernicienne depuis la fin des travaux en 2003 sur le séquençage de génome. Auparavant, la partition génétique dominante attribuait un pouvoir considérable à l’ADN bien que des voies discordantes affirment que nous n’étions pas programmés de manière fixiste par nos gènes. En outre, de l’extérieur, les influences culturelles avaient leur part plus ou moins importante selon les auteurs. Ces influences structurantes sont de nos jours mieux comprises. On admet cependant qu’une cellule reproductrice male rencontrant une cellule reproductrice femelle de la même espèce donnera obligatoirement un individu de la même espèce. Par exemple, bien des « évidences » contradictoires ont été affirmées sur la similitude des vrais jumeaux. Le livre dirigé par Isabelle Mansuy, « Reprenez le contrôle de vos gènes », (2019), énumère en introduction dix questions à réponses « vrai » ou faux », telle celle-ci : « … de vrais jumeaux identiques génétiquement seulement au début de la vie, lors des premières divisions de l’ovocyte fécondé ». Voici la dixième question : « L’activité physique, la méditation ou encore l’écoute de la musique peuvent-elles avoir des effets directs sur la façon dont vos gènes vont s’exprimer ? » La réponse des auteurs est : « VRAI ». Nous y rajouterions les pratiques psychothérapeutiques.

Bien des nouveautés se font jour depuis le séquençage des génomes. Ceux-ci apparaissent formidablement influençables de l’extérieur épigénétiquement. Pour illustrer cette influence, il est opportun de rappeler une observation des années 1985 qui fut laissée de côté sur le plan d’une investigation scientifique. À cette époque, il était exclu d’imaginer qu’un embryon puisse auto-modifier épigénétiquement ses caractères physiques, ainsi ses oreilles, en rabattant ses deux lobes qui finiraient par se coller. A la naissance du bébé évoquée dans cet exemple, ses parents furent stupéfaits, choqués, pensant à une infirmité congénitale. Aucun praticien (à ma connaissance) n’eut l’idée de penser que ce bébé s’était peut-être habitué à adopter ce comportement (épigénétiquement généré) qui devait consister à réduire les nuisances sonores, autant de stress produits pas les parents, particulièrement le père - que je connus. On peut se reporter au lien ci-dessous qui aura été présenté par les quotidiens locaux Témoignages et Clicanoo de La Réunion.
http://www.temoignages.re/chroniques/di-sak-na-pou-di/la-revolution-epigenetique-des-la-vie-fœtale,89060

Dans le droit fil des travaux d’Isabelle Mansuy, nous avançons l’idée que ce bébé en préparation dans le sein de sa mère se serait protégé de l’agression sonore extérieure en établissant in-utéro une pression avec ses mains sur ses deux lobes, mettant en action un système pragmatique de défense exprimé physiquement pour réduire l’agression auditive stressante de l’environnement. La modification des lobes révélerait que le code génétique peut se décoder au niveau des interactions cellulaires, répondant à un comportement réactionnel adaptatif du bébé codé épigénétiquement. Notre intime conviction est de nos jours confortée par l’ouvrage « Reprenez le contrôle de vos gènes », (2019), dirigé par la neuroépigénéticienne.

Cette publication associe les travaux de deux autres auteurs, Jean-Michel Gurret, psychologue énergéticien, dans une optique interdisciplinaire, et une spécialiste de l’alimentation, Alix Lefief-Decourt. Certains libraires annoncent déjà, pour octobre prochain, un nouvel ouvrage novateur intitulé : « Ma bible de l’alimentation anti inflammatoire », signé par cette dernière.

Avec ce livre dirigé par Isabelle Mansuy, nous disposons d’arguments de haute valeur scientifique d’un nouveau champ de recherche sur la génétique - épigénétique qui s’instaure dans une réalité intimement liée à la génétique selon une perspective d’interactions et de régulations du génome avec l’épigénome.
L’ouvrage écrit simplement est remarquablement pédagogique, le lecteur se sent accompagné, comme « pris par la main ». Reprendre le contrôle de ses gènes nous semble possible quant à nous si, d’une part, nous accordons une crédibilité scientifique tout en nous imprégnant des analyses et résultats de nombreuses expérimentations de l’auteure. Celles-ci devraient produire au fond de nous comme une sorte d’acculturation éliminant des préjugés sur le fixisme du génome et autres scories et obstacles idéologiques qui entravent la pensée. Le rang de Professeur d’université et de chercheuse au sein du laboratoire qu’Isabelle Mansuy dirige à l’École Polytechnique de Zurich ne peut que nous rassurer. Ses expérimentations portent sur des souris et nous devrions accepter les transpositions à nous humains de ses découvertes. Nous possédons en effet les mêmes structures génétiques que les mammifères et donc les rats et les souris, sur lesquels la chercheuse teste ses hypothèses. Cette transposition est de nos jours admise par la communauté des chercheurs en génétique et épigénétique.
D’autre part, nous aurions sous évalué la vicariance du vivant à se transformer en fonction de l’environnement, ce que nous devrons explorer ultérieurement avec les travaux d’Alain Berthoz (2003, 2009 et 2013) ainsi que sa notion de « double de soi-même ».

Dans notre formulation de synthèse, les influences épigénétiques toucheraient « l’infrastructure organique » modifiant d’une manière vicariante épigénétiquement l’organisme et particulièrement l’ensemble de la sphère neuronale et gliale ; et par répercutions l’ensemble de la physiologie. Cohabiteraient ainsi deux réalités organiques, celle qui devrait être déterminée potentiellement par le génome et celle qui aura été codifiée de l’extérieur du fait des influences de l’environnement déterminant l’épigénome. Dans ce schéma, il faut cependant distinguer les influences épigénétiques qui fragilisent l’organisme et celles qui le dynamisent. En le dynamisant elles peuvent aussi solliciter les gènes en les activant, alors que les influences épigénétiques nocives auraient des incidences a-physiologiques désactivantes sur les gènes, telles des « scories » qui prennent les noms de « méthylation de l’ADN », et encore « modifications des protéines histones associées à l’ADN » et encore des « fonctions énigmatiques » des ARN considérés, hier encore, comme « non codants ».
Pour reprendre fondamentalement le contrôle de nos gènes, ne faut-il pas discerner les influences épigénétiques, délétères, de celles dynamisantes, ce qui nous renvoie au mode de vie et à l’éducation dès la naissance de l’enfant et peut-être même dès sa conception ?

De cette perception cognitive, mais aussi liée aux ressentis et aux éprouvés, émergeraient « deux » personnalités (le « double » de Berthoz ?) dont le socle commun serait biologique : - la personnalité génomique (l’infrastructure), - la personnalité épigénétique (la superstructure). Les deux seraient en interaction et en régulation permanentes. Nous pensons que ce schéma devrait être conciliable avec les thèses marxistes au-delà d’une rhétorique similaire. Il devait manquer à la cohérence des thèses de Marx et Engels pour comprendre leur théorie de l’aliénation qui se seront focalisés aux rapports de productions des relations « travail et capital ».
Ces deux personnalités entreraient cependant en conflit potentiel, le génome affrontant les conditionnements de l’épigénome, que l’on pourrait qualifier de pavloviens, lorsqu’ils se présentent. De cela émergerait une troisième personnalité plus individuée spontanément si, comme nous l’imaginons, le génome peut modifier par effet vicariant les empreintes culturelles, freins et inhibitions liés aux influences épigénétiques nociceptives. Cette individuation s’accorderait avec la psychologie de Carl Gustav Jung - dont on se souvient qu’il eut recours à un double de lui-même, qu’il nomma « Philémon » - le vieux sage - qui apparaît sous les traits d’un vieillard ailé barbu et prend tour à tour plusieurs… images, p. 154 du Livre Rouge. Il nous resterait à imaginer les dispositions organiques, ou modulaires, susceptibles de traduire imaginairement ces entités organiques en images mentales, rêves ou cauchemars.
Cette individuation donc serait soutenue par le génome, fruit d’une longue sélection prodigieusement intelligente de la nature originelle, libérée de ses « scories » épigénétiques. Isabelle Mansuy dit bien : « Nous pouvons reprogrammer nos gènes et améliorer notre vie et celle de nos descendants. »

Frédéric Paulus, CEVOI

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