RSA sous condition ?

Un énième exemple de l’impossible intégration

23 mai 2023, par Kalouma

La Réunion est l’un des 18 départements retenus par le gouvernement pour l’expérimentation d’un dispositif associé à une loi Travail dont la première ministre a présenté les grands axes lors de sa venue à La Réunion.

Elle veut – dit-elle – le « plein emploi » pour la France, où le chômage frappe , selon le gouvernement, 7% de la population active (l’INSEE aurait révélé, selon ATTAC, un chiffre réel dépassant les 11%). Elle pense pouvoir obtenir ce résultat à La Réunion – dont 17% de la population active est sans travail selon des chiffres officiels, mais la réalité sociale est plus complexe – en appliquant les mêmes mesures.

Ces mesures, de nombreux gouvernements avant le sien les ont mises en œuvre. Les contrats d’engagement jeunes, par exemple, se sont appelés jadis « emploi-jeunes  »… et ils durent ce que dure un gouvernement. Mais celui installé par le président des riches veut aller plus loin : la première ministre a parlé de « réintroduire un système “droit-devoir” » à propos du RSA.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Le Revenu de Solidarité Active (RSA) n’est pas un salaire, entraînant un “devoir” ; c’est une allocation minimale (premier secours) pour ceux que la société prive durablement d’un travail. Rappelons que c’est la société qui a un devoir de solidarité envers les plus démunis, et pas l’inverse !

Les Réunionnais privés de travail dans une longue durée deviennent allocataires du RSA parce qu’ils y ont droit, dans un système économique qui n’est pas en mesure – encore moins à La Réunion qu’en France – de leur attribuer un travail. Ils sont environ 100.000 allocataires qui témoignent de la faiblesse du tissu économique réunionnais.

Mettre une condition à l’attribution du RSA (15 à 20 h d’activité non rémunérée) n’est pas seulement absurde à La Réunion où le copié-collé de normes économiques et sociales aboutit à cette généralisation du non-travail et, pour ceux et celles qui peuvent « entrer dans le cadre », à des salaires anormalement bas.

Cette condition est en fait une double sanction qui a suscité les plus vives protestations des syndicats et de nombreux organismes ou associations intervenant dans la société réunionnaise pour alléger la misère qui frappe au moins 36% des familles réunionnaises – là encore, il s’agit d’un chiffre officiel.

Les protestations ont été telles que la commission permanente du Conseil départemental réunie mercredi 17 mai, a adopté une motion rejetant les sanctions et demandant une meilleure prise en compte de nos réalités économiques et sociales. « C’est la première fois que le Conseil départemental s’oppose à l’expérimentation du gouvernement au nom de nos spécificités » a commenté Jean-Yves Langenier, conseiller départemental du Port.

A La Réunion, en effet, une telle mesure n’a aucun sens : d’abord parce qu’il y a peu d’emplois ; parce que les rémunérations sont très généralement faibles et parce que les privés d’emplois, quand ils perçoivent le RSA, comptent parmi les plus pauvres des pauvres de l’île. Les priver de cette maigre allocation – qui encore une fois n’est pas un salaire – est un acte de cruauté gratuite. La seule “gratuité” dont soit capable la bourgeoisie ?

Ce dispositif inapproprié – et l’inconscience avec laquelle il a été exposé en toute bonne foi par la première ministre – est un exemple de plus de l’inadaptation des structures auxquelles nous assujettit la politique d’intégration.

Le PCR a appelé, cette semaine encore, les Réunionnais à se réunir au sein d’une Conférence territoriale élargie, faisant place aux forces vives de l’île aux côtés des institutions prévues par la loi, pour réfléchir ensemble aux solutions à trouver à nos problèmes et construire collectivement notre projet de société.

« Danser sur la musique des autres  » ne fait que nous donner le tournis !

RSA - RSTA

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