Un monde plus pacifique

2 octobre 2012

Nous aspirons à un monde plus pacifique, c’est ce qui nous relie. Nous constatons toutes ces contradictions humaines qui font que des horreurs se vivent sous nos yeux. Nous constatons également, faut-il le rappeler, toutes ces prouesses, ces générosités, ces élans altruistes que nous percevons ici et là. Mais nous déplorons la violence et la haine et tous ces défauts humains que nous cachons trop souvent lorsque nous éduquons un enfant. Eduquer un enfant n’est-il pas trop souvent le respecter et à la fois le réprimer ?

Je voudrais apporter une contribution dans un domaine qui risque de passer sous silence, c’est celui de la vie psychique sous l’influence d’un certain inconscient dont Freud et les psychanalystes qui s’y réfèrent se sont octroyé le monopole. Comme il a été dit du « primitif » qu’il faisait référence à une pensée magique, les psychologues étudient l’âme. Les premiers sont étudiés comme des curiosités par les ethnologues, les psychologues, quant à eux, sont de nos jours traqués par les neurosciences. La psychologie étant dramatiquement enseignée en universités des Lettres et Sciences humaines, l’attaque frontale des biologistes avec les psychologues se réalise hors le ring de la transmission du savoir. Perdant de leur crédibilité, il est fait appel à une autre démarche, c’est celle qui consiste à rechercher d’autres pertinences et l’on peut considérer qu’une voie est trouvée dans la critique de l’ego qui entrave le discernement. Trouver et nommer un responsable nous apporterait-il de quoi nous rassurer pleinement ? Les critiques de la psychologie de l’égo sont-elles maintenant applicables aussi auprès des élites des pays fortement influencés par le bouddhisme et l’hindouisme supposés valoriser d’autres dimensions psychiques et qui étaient initialement aux antipodes des valeurs individualistes occidentales ? Une réponse serait que la vie psychique et la connaissance de l’inconscient ont été occultées dans ces pays d’Orient et en Occident par l’hégémonie freudienne et le modèle dominant de « l’éducation » qui valorise la réussite individuelle, initialement de type scolaire, excluant de fait les parents formant une représentation de la « réussite » sur des valeurs matérialistes et non humaines.

Nous considérons que l’approche de l’inconscient a été pathologisée, exclue des cursus des élites sur l’échelle de la planète. Elisabeth Badinter a été introduite à l’X pour animer des groupes de paroles du fait d’un nombre important de tentatives de suicide faisant suite aux critiques formulées par l’éminent Professeur Louis Le Prince Ringuet dans son ouvrage “Le grand merdier” 1974. Quant aux médecins qui gèrent bien des maux en les médicalisant, ils auront acquis durant leur cursus un vernis de psychologie, et les psychiatres, hormis quelques exceptions (ouf ! merci Jacques Vigne), ont recours plus qu’il ne faudrait à la psychopharmacologie.

La philosophie avait annoncé cette montée en épingle de l’égo qui ne devrait pas se transformer actuellement en mythe explicatif des contradictions idéologiques. Par exemple : la volonté de puissance de Schopenhauer, chez Carus l’inconscient, chez Hegel l’identification et l’inflation qui débouche sur l’Esprit absolu, la critique du surhomme de Nietzsche et, à la suite de ça, à la catastrophe qui a nom Allemagne.

En quoi un autre inconscient serait à repenser pour en discerner, peut-être, sa positivité ? Il est urgent d’envisager la psychologie comme faisant partie des sciences naturelles, les recherches fondamentales sur le cerveau in vivo nous livrent régulièrement ses secrets. Il y a trente ans, nous pensions que le bébé vivait pendant sa première année une vie « purement végétative ». Avec la découverte récente des « neurones miroirs », l’enfant est équipé d’une matrice sensitive discriminante qui le renseigne qualitativement des données de son environnement. Sa mémoire est maintenant considérée comme pouvant actualiser le meilleur et le pire. Le pire tant bien que mal refoulé, ce pire peut se transformer en une multitude de désordres et de vengeance qui ne seront pas interprétés comme tels du fait de l’oubli trop douloureux à supporter et à exprimer, et là, nous rejoignons le thème de la montée de la violence.

Un homme averti, dit-on, en vaut deux !

Frédéric Paulus


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