Pour relancer une politique de dynamisation des Hauts

Un Parc national des Hauts nouvelle génération

30 octobre 2004

C’est alors un devoir humain, spirituel, religieux... et politique que de façonner une île de La Réunion viable pour tous, estime la commission diocésaine Justice et Paix. Parce que tous y trouveront le cadre et les conditions d’une vie véritablement humaine.

La commission diocésaine Justice et Paix a pris position en faveur de la création d’un parc national à La Réunion en août 2003 dans un communiqué intitulé : Oui au Parc national “nouvelle génération”. Avec un contenu régional, un savoir-faire dans le domaine de la protection et géré localement par un conseil d’administration, ce parc favorisera notre développement économique. Il apportera également à l’ensemble de La Réunion une notoriété internationale. La commission Justice et Paix a poursuivi sa réflexion, dont voici les principaux éléments.

1. Une nécessité : équilibrer les politiques en faveur des hauts

Les récents et nouveaux grands projets d’aménagement du territoire de La Réunion - à savoir le transfert de l’eau de l’Est vers l’Ouest, la route des Tamarins, le projet de tram-train, le projet de nouvelle route entre Saint-Denis et La Possession, le projet de ville nouvelle à Cambaie... répondent tous à plusieurs urgences : celles de se loger, d’améliorer les conditions de vie et de travail des Réunionnais et de se déplacer.
Ces projets, quelle que soit leur pertinence, se situent dans la zone basse et médiane et accentuent le déséquilibre entre les zones attractives du littoral Nord et Ouest au détriment des autres micro-régions et de la zone des Hauts.
En conséquence, ils risquent d’“accaparer” à la fois une grande partie des possibilités d’intervention budgétaire des collectivités et la “disponibilité” intellectuelle des administrations et des élus.

La mobilisation forte dans les années 80 des acteurs économiques, de la population et des élus pour aménager les Hauts est retombée, alors qu’ils connaissaient un déséquilibre criant. Les Hauts ont certes rattrapé une partie de leur retard, mais d’autres urgences ont vu le jour en zone basse.

Pourtant les Hauts restent l’originalité et la chance de La Réunion. Il s’agit d’une des zones de liberté, d’innovation, de respiration de l’île. Si cette politique volontariste envers les Hauts se ralentit ou disparaît, les retards économiques et sociaux, que La Réunion a mis vingt ans à faire diminuer, vont de nouveau se creuser. Relancer la dynamique de soutien aux politiques des Hauts reste une nécessité. Mieux, il faudra l’accentuer, l’adapter au contexte actuel, de façon à ce que La Réunion en tire profit.

2. Saisir l’opportunité de la mise en place du Parc national “nouvelle génération”.

Le Parc national de La Réunion est un outil souhaité et construit localement. Il se base sur le patrimoine exceptionnel, l’Histoire et les réalités réunionnaises. Il a une ambition de développement et de protection des Hauts. Il se met en place en deux phases successives.

Après la phase sur l’élaboration des principes (études, consultation, propositions) et à l’issue d’un débat public de trois ans, la création du Parc national de La Réunion a fait l’objet d’un arrêté de prise en considération de Monsieur le Premier ministre le 29 mars 2004. Ce projet avait reçu les avis favorables de la Région, du Département, de 22 des 24 communes, des trois chambres consulaires. Ainsi qu’à l’échelle nationale, les avis positifs du Conseil national de protection de la nature et du Comité interministériel des parcs nationaux. Cette adhésion s’est faite sous la réserve d’un parc “nouvelle génération” qui, notamment :

- Complète l’objectif de protection de la nature assigné au Parc national par celui du développement durable.

- Met les Hommes au cœur des préoccupations (approche culturelle, retombées en termes d’activités et d’emplois).

- Permet une gestion locale pour cet outil de rayonnement international.

- Donne un second souffle aux politiques d’aménagement des Hauts.
Une des traductions des adaptations attendues devra être formalisée par le texte de loi en préparation dans le cadre de la réforme de la loi de 1960 sur les Parcs nationaux actuellement en cours.

S’appuyant sur toutes ces considérations, la seconde phase pour la création du Parc national a récemment démarré. Elle vise la création d’un outil partenarial permettant à la fois le développement économique de la “zone périphérique”, la conservation et la valorisation du patrimoine naturel de valeur mondiale (volcan, endémisme), la conservation et la valorisation du patrimoine culturel (art de vivre présent dans les Hauts). L’objectif est de créer le Parc national en 2006 après enquête publique. Dans l’immédiat plusieurs chantiers sont en cours :

- suivre la réforme des Parcs nationaux,

- clarifier la mission de développement durable de la zone périphérique,

- intégrer la protection du patrimoine dans le développement,

- proposer une délimitation détaillée du cœur,

- préparer une stratégie d’emploi et de formation,

- optimiser l’impact économique du futur Parc national.

Si le projet Parc national peut servir une ambition claire de développement et de protection des Hauts, il peut servir également de locomotive à une meilleure prise en considération des populations et du territoire des Hauts. Restent à clarifier certains points et à s’assurer de conditions nécessaires.

3. Clarifications et conditions nécessaires

La réussite de la relance des politiques des Hauts, à l’occasion de la mise en place du parc national, nécessite des clarifications. Il faut préciser aussi les conditions nécessaires à cette réussite. Le consensus existe entre les différents partenaires sur le volet protection et partage du futur parc national. Également sur le principe d’une contribution de ce Parc national au développement avec la forte demande suivante : que la création de celui-ci soit l’occasion de donner un second souffle aux politiques d’aménagement des Hauts. La clarification nécessaire est bien dans l’articulation des équipes, des compétences et de l’étendue géographique de la zone périphérique. À ce sujet, qui rendra les arbitrages ?

Plusieurs conditions nous semblent nécessaires pour la mise en place dans le Parc de nouvelle génération, de l’animation du développement durable et d’une réelle gouvernance.

Certaines conditions relèvent du niveau national comme la rédaction du texte de la future loi. Nous attirons l’attention sur plusieurs points :

- Le législateur à Paris assignera-t-il, sans ambiguïté, une mission de développement aux futurs parcs nationaux ? N’est-il pas souhaitable que les réalités et les enjeux de La Réunion soient complètement pris en compte dans la rédaction du texte législatif ?

- Concernant la gestion du parc, il s’agira de donner pleine compétence au conseil d’administration. Qui choisira les différents membres du conseil d’administration et selon quels critères ? Le Conseil d’administration avec ses commissions aura-t-il réellement les pouvoirs d’introduire une gouvernance collective et locale dans la gestion de notre forêt et de notre volcan ? L’État laissera-t-il au conseil d’administration local la latitude pour débattre et décider dans le respect des principes proposés, ou imposera-t-il dans le cœur protégé des règles préfabriquées ?

D’autres conditions relèvent de discussions et de choix qui peuvent s’opérer ici à La Réunion.

- Les responsables à La Réunion, et en premier lieu la Région, chef de file de l’aménagement du territoire et responsable du Schéma d’aménagement régional, assigneront-ils au futur parc national une mission de relance des politiques d’aménagement des Hauts ?

- Comment allons-nous susciter l’intérêt pour le “parc national nouvelle génération” chez les personnes que nous rencontrons, pour associer à l’animation les différents partenaires sur le terrain ?

- Comment nous-mêmes allons-nous participer à ce “chantier” à travers des rencontres à organiser ou bien encore dans un cadre associatif ? Comment faire participer en réseau les différentes associations ?

Conclusion :
une île de La Réunion viable

En créant le Parc national des Hauts qui s’inscrit dans le cadre global de l’aménagement du territoire, La Réunion pourra mieux se tourner vers l’avenir. Elle entrera résolument dans le XXIème siècle en articulant la vie des Hauts avec sa ruralité traditionnelle et avec les contraintes d’une vie économique urbanisée.
Notre île a sa physionomie géographique, géologique, climatique particulière. Sa biodiversité est originale. Sa population métissée dans son ensemble et diversifiée est le résultat d’une Histoire contrastée. Cette complexité insulaire est la matrice de notre vie quotidienne où il importe de susciter une prise de conscience générale pour que tout cela devienne une richesse à développer.

Les chrétiens et les croyants des autres traditions religieuses sont convaincus que nous ne sommes pas propriétaires de la nature et de l’environnement. Le Créateur remet la création entre nos mains pour que nous puissions en faire, sinon un “paradis terrestre”, du moins un espace naturel respecté et humanisé où la vie sera toujours possible. C’est alors un devoir humain, spirituel, religieux... et politique que de façonner une île de La Réunion viable pour tous, parce que tous y trouveront le cadre et les conditions d’une vie véritablement humaine.

Il appartient aux différentes Collectivités, à nos élus, aux membres des associations d’être vigilants et créatifs. Ce sont les hommes qui écrivent l’Histoire. Ne manquons pas ce rendez-vous. Saisissons tous cette occasion de devenir davantage responsables de notre vie sociale, économique et politique. La réussite de ce Parc national et celle de l’aménagement des Hauts dans le cadre général de La Réunion dépendent en grande partie de la prise de conscience de l’importance du projet et de notre engagement à le soutenir ensemble.

Pour la commission diocésaine Justice et Paix
Le 25 octobre 2004

Le Secrétaire
M. Philippe Jean-Pierre

Le président
Mgr Gilbert Aubry


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