Un silence... qui détonne

21 février 2006

Pendant près d’un demi-siècle, au moins depuis mai 1959 qui a vu naître le Parti communiste réunionnais avec comme objectifs le "droit pour les Réunionnais de diriger eux-mêmes et démocratiquement leurs propres affaires" et l’"accès du peuple réunionnais à une autonomie interne", les hommes politiques de droite avaient trouvé dans la départementalisation leur principal cheval de bataille. Dès lors, il ne se passait pas d’élection sans que le statut de l’île ne fût utilisé comme enjeu ; les électeurs étant amenés à se déterminer en permanence pour ou contre le “département”. Mais on se gardait bien toutefois de leur rappeler que ce changement tant voulu par le peuple, de la colonie au département, avait été arraché, le mot n’est pas trop fort, en premier par les communistes.

Nous sommes à quelques jours du 60ème anniversaire de la loi du 19 mars 1946 qui a marqué profondément toute la vie du pays. Et, par un étrange phénomène, nous assistons à un étonnant spectacle : ceux qui s’étaient montrés jusqu’alors les plus farouches partisans de la départementalisation, deviennent soudain étrangement muets. Comme si leurs convictions, qu’ils n’avaient pas peur d’exprimer publiquement en d’autres occasions, dans les défilés, les rassemblements et même en forçant la main des électeurs, n’étaient pas tout à fait sincères, qu’elles reposaient sur d’autres considérations. À moins que, en se tenant résolument à l’écart, ils veulent garder leurs distances vis-à-vis de leurs adversaires de toujours qui, eux, n’ont pas attendu pour préparer déjà l’anniversaire.

Mais si l’heure était venue d’en finir avec la copie sinon le plagiat d’un statut départemental de toute façon dépassé, même pour la France dite métropolitaine, et qui reste malgré certaines apparences le simple déguisement de l’ancienne colonie, ne serait-ce que par sa politique d’assistanat qui tourne le dos à une véritable prise de responsabilité des Réunionnais et ferme la voie à un développement réel du pays. Il s’agit donc en allant bien au-delà d’un département français comme l’Ille-et-Vilaine, la Meurthe-et-Moselle ou les Deux-Sèvres, d’inventer La Réunion pour lui donner son sens plein de Réunion des peuples d’humanité.

Georges Benne et Jean Cardonnel


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