Une adaptation pour ceux qui arrivent à La Réunion ?

22 août 2006

Leur nombre - ils sont 850 - ouvre de nouveau un débat récurrent : les enseignants arrivant de Métropole pour travailler dans l’Académie auraient-ils pu être recrutés localement ? Retenons que malgré la suppression depuis plusieurs années de la prime d’éloignement - qui permettait une prise en charge des frais de déplacement et de déménagement -, la destination Réunion reste prisée. Malgré le chikungunya aussi. L’épidémie aurait, au contraire, fait fuir de nombreux titulaires qui ont demandé à être mutés hors de La Réunion. Une vérification s’impose cependant.
Au-delà de ces considérations, notons qu’une séance spéciale de travail leur a été réservée par le Rectorat pour souligner la spécificité de leur mission : "enseigner en français et reconnaître le créole comme une langue à part", comme l’écrit un des titres de la presse locale.
On reconnaît donc de manière officielle et publique que le système éducatif de la République doit s’adapter au contexte réunionnais. Jusqu’où admet-on cette adaptation ? C’est un autre débat.
Notons surtout que depuis quelques années, le Rectorat organise pour ses nouveaux arrivants une sorte de séance d’adaptation. Ne faudrait-il pas étendre la pratique aux centaines sinon aux milliers d’autres personnes qui, chaque année, viennent travailler ici dans le privé comme dans le public ?
Dans le faits, n’existe-t-il pas une sorte de discrimination ?
La migration organisée des Réunionnais vers la Métropole s’est faite sur la base de trois principes : la sélection, l’adaptation et la dispersion.
Pour migrer, il fallait passer des tests psychologiques, passer un examen médical, subir un contrôle des connaissances. Ne partons pas d’une sélection au nom de la couleur de la peau. Elle a existé. Des documents attestent qu’on recommandait de recruter des filles de race blanche pour devenir bonnes dans les familles métropolitaines.
À ces différents tests s’ajoutait tout un travail d’adaptation. Il était accompli en partie ici même à La Réunion mais surtout dans des centres créés à cet effet : un pour les jeunes hommes dans la région lyonnaise et l’autre pour les filles à Crouy-sur-Ourcq.
La dispersion était double : professionnelle et géographique. Les Réunionnais ne devaient pas occuper que des emplois "publics" (postes, hôpitaux...), ils ne devaient pas être concentrés dans les régions parisienne, lyonnaise et marseillaise, mais "dispersés" sur tout le territoire national.
L’intégralité de cette procédure n’est plus appliquée. Mais la mobilité des Réunionnais est toujours organisée même si celui ou celle qui le souhaite peut partir se former et travailler en Métropole. Des tests de sélection restent la règle. On continue à préparer plus ou moins le futur migrant à la vie métropolitaine.
Il n’est pas question de demander que la mobilité, dans l’autre sens, soit organisée. Il n’en conviendrait pas moins de se donner les moyens de préparer certains nouveaux arrivants à affronter le contexte réunionnais. Comme on le fait dans l’Éducation nationale. Il n’y a pas si loin, la presse locale nous a narré l’aventure de cette famille d’érémistes qui était venue s’installer dans l’île en pensant trouver les réponses à leurs problèmes. Cette famille est-elle seule dans son cas ? Combien d’arrivants ont du mal à s’adapter à notre pays ? Prenons un seul exemple concret et visible : en comptant, sur les 10 ou 15 dernières années, le nombre de journalistes venus travailler dans la presse locale écrite ou parlée pour repartir, on constatera l’existence d’une forte rotation.

Max Salomon


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