Une virapoullade de trop…

9 janvier 2004

Dans la matinée du mardi 6 janvier, RTL diffuse en France l’information selon laquelle la loi sur la laïcité ne s’appliquera ni à La Réunion ni à Mayotte. Radio Réunion réagit alors avec la célérité qui s’impose compte tenu de l’importance de cette information… sans la vérifier. Et c’est là que le drame se noue, prenant une dimension comique inattendue.
Radio Réunion contacte Jean-Paul Virapoullé afin d’obtenir sa réaction sur ce développement de l’actualité. La démarche est normale. Il s’agit d’un élu local, parlementaire de surcroît et il serait incompréhensible qu’il ne soit pas sollicité. Son interview est diffusée dans l’édition radio de midi.
Dans son propos, le sénateur-maire de Saint-André exprime sa satisfaction de voir La Réunion épargnée par ce texte. Rien que du bon sens. Ce à quoi il croit bon d’ajouter qu’il s’agit de sa réussite personnelle, son œuvre et que le gouvernement en agissant ainsi a accédé à sa demande. On suppose le réseau de cet homme investi en politique depuis de nombreuse année.
Cela dit, on est alors certain que lui, l’artisan de ce succès, a été contacté en direct par un membre ou un collaborateur éminent du gouvernement afin de lui assurer la primeur de l’information. Il ne saurait y avoir d’autre démarche sur un sujet aussi important. L’information est, a priori, une information "en béton".
Mais voilà, l’information est fausse. Elle est démentie par le Ministère de l’Education nationale en début d’après midi. Comment interpréter un tel revirement ?

Jean-Paul Virapoullé réagit à une information qu’il obtient par Radio Réunion du fait de ses contacts privilégiés avec la radio du Barachois. Il l’obtient avant les autres et voit le bon coup politique : en parlant le premier, la voie est libre afin de s’approprier la bonne nouvelle, la faire sienne et ainsi se valoriser. L’opinion publique sera convaincue qu’il est effectivement l’artisan de ce succès.
N’intervenant qu’après, quoiqu’ils puissent dire, les autres politiques ne seront que des suiveurs. Sans doute très agité, il ne prend pas la peine de vérifier l’information. Mais voilà, une fois l’information démentie, chacun comprend alors qu’il a menti.
Ainsi, comment celui qui se pose comme le sauveur a-t-il pu être aussi mal informé de l’issue de ses pseudo interventions si redoutablement efficaces auprès de ce gouvernement dont il est l’ami ? Impossible. À moins qu’il ne soit jamais intervenu ? Jean-Paul Virapoullé a fait la démonstration de son opportunisme et de sa mauvaise foi.

Mais il y a plus grave. Sans raison objective, sans doute pour calmer le jeu et ainsi s’excuser d’un si mauvais tour joué à un ami, Radio Réunion diffuse une partie de l’intervention du sénateur-maire de Saint-André dans la Matinale du mercredi 7 janvier. Le thème est grave puisqu’il s’agit du cas de Monsieur Larifou actuellement détenu au Comores et dont l’état de santé est préoccupant.
Jean-Paul Virapoullé indique qu’il mène des "actions discrètes", pour des raisons diplomatiques. Il travaille en silence. Aussi en silence et discrètement qu’il l’a fait tapageur et rodomon sur la laïcité ? Nouvelle appropriation d’un travail qui n’est pas le sien.
À une différence près toutefois. Et elle est de taille. Dans son intervention radiophonique, il parle de la vie de Saïd Larifou et donne ainsi du pathos à son propos. L’instrumentalisation est à son comble et vient en renfort du mensonge. Toucher le cœur afin d’endormir la raison.
Révélé au grand jour dans toute la dimension de son opportunisme et de sa capacité à mentir, Jean-Paul Virapoullé s’est disqualifié et ridiculisé auprès de l’opinion publique.
Radio Réunion a aussi de quoi être tracassée sur ce plan car on parle également aujourd’hui d’interdire tous les signes politiques ostensibles. Le plus drôle c’est que cette dernière proposition vient des rangs de l’UMP.
L’affaire de la laïcité est une virapoullade de trop.


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