Viendra !...viendra pas !...

8 septembre 2006

L’éventuelle candidature à la prochaine Présidentielle de Lionel Jospin, et pourquoi pas de Jacques Chirac, qui piaffent tous les deux d’impatience devant une occasion pour le moins inespérée de pouvoir à nouveau en découdre, me ramène à la mémoire une vieille histoire que j’avais lue dans mes neuf ou dix ans et que j’ai retrouvée par hasard dans mon ancien livre de lecture : ’Prendra !...prendra pas !...’.

Prendra !...prendra pas !...

L’IRRÉSOLUTION n’est pas un travers, n’est pas un défaut ; c’est une maladie, maladie bien moins rare qu’on ne pense, maladie qui se mêle à tous les actes de la vie, et fait le tourment non seulement de celui qui en est frappé, mais des gens qui l’entourent.
Un être irrésolu porte son irrésolution dans le choix d’un habit, comme dans le choix d’un état, dans une visite à faire comme dans un voyage à entreprendre, dans les plaisirs comme dans les affaires.
J’entends toujours ce dialogue d’un employé des finances avec sa femme, à propos de son parapluie :
"Marie, me conseilles-tu de prendre mon parapluie ?
- Fais comme tu voudras, mon ami.
- Crois-tu qu’il pleuve ?
- Je n’en sais rien, mon ami.
- Allons ! je l’emporte.
- Tu le fais bien, mon ami.
- Mais, s’il ne pleut pas, il me gênera.
- Eh bien, ne l’emporte pas.
- Alors, s’il pleut, je me mouillerai.
- Alors, emporte-le.
- Tu es insupportable ! Emporte-le...ne l’emporte pas...Que diable ! on a un avis ! Crois-tu que je ferai bien de l’emporter ?
- Oui !
- Eh bien, alors, je l’emporte...Cependant, le baromètre a remonté depuis ce matin... Le ciel s’éclaircit...Si le temps devient beau, je ne penserai plus à ce diable de parapluie, et je le perdrai. Ah ! ma foi ! décidément (décidément est le mot favori des irrésolus, je ne l’emporte pas !...’’
Le voilà parti.
Mais en passant dans l’antichambre, il a vu son parapluie, il le prend, et ... arrivé en bas, il le dépose chez le concierge.
(Ernest Legouvé).

Dans le cas présent, cette irrésolution qui n’est en réalité qu’apparente porte un nom en politique : cela s’appelle l’opportunisme.

Georges Benne


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