Villepin. Et alors ?

22 mai 2006

Il y a plus de 30 ans de cela, accueillant à Gillot un Premier ministre en visite à La Réunion, Jean-Paul Virapoullé s’exclamait : il arrive avec « une valise plein de cadeaux ». Préalablement informé des annonces que comptait faire le chef du gouvernement, le maire de Saint-André saluait par avance dans un grand élan révérencieux tout ce qui allait être promis aux Réunionnais. Jean-Louis Virapoullé ayant été embrassé sur la joue par le Premier ministre, Jean-Paul Virapoullé invitait publiquement son frère défunt à ne pas se laver pendant plusieurs jours pour garder sur la figure la marque de l’affection qui lui avait été témoignée. Plus de 30 ans après, en quoi le séjour de Dominique de Villepin diffère-t-il de celui de son prédécesseur dont il n’est pas besoin ici de citer le nom ? Le Premier ministre est venu « multiplier les coups de pouce » comme l’écrit une agence de presse. Il a paré au plus pressé : le chikungunya, la promotion touristique et il a annoncé une enveloppe de plusieurs millions d’euros pour un centre hospitalier à vocation universitaire. Le précédent, François Baroin, avait tenu à apporter des assurances sur les contrats aidés.
Mieux, ou pire, pourrait-on dire, Dominique de Villepin s’est montré condescendant, 60 millions avaient été débloqués pour aider les entreprises en difficultés après l’épidémie.
Seulement 5% ont été utilisés. Le Premier ministre a annoncé que cette somme - qui au départ n’était qu’une provision - restera à la disposition des Réunionnais pendant le temps qu’ils veulent. Sans doute en ayant en tête le sentiment que nos compatriotes ne sauront pas quoi en faire comme ils en ont fait la démonstration au cours de ces 2 derniers mois.
Toutes ces mesures additionnées, même les plus positives font-elles une politique ?
Disent-elles où va La Réunion ? Les emplois aidés maintenus seront-ils déterminants dans la lutte contre le chômage ? La création d’un centre hospitalier à vocation universitaire offrira-t-elle du travail à de jeunes Réunionnais diplômés ou jouera-t-elle comme un appel d’air pour des enseignants venus de métropole ?
On aura remarqué qu’au cours de ses 2 séjours successifs, Dominique de Villepin n’a jamais évoqué une seule fois la Loi programme. François Baroin en a tait de même. Ce texte voté dès le 1er mois du quinquennat a pour ambition de tracer des perspectives pour jusqu’en 2017. II devrait faire, cette année, l’objet d’un bilan d’étape.
Et voilà passé sous la table. Depuis, son auteur, Brigitte Girardin, s’est vu confier d’autres tâches que celles de l’Outre-mer. Comme quoi ce qui est acquis un jour peut ne plus l’être le lendemain !
Paradoxe étonnant : alors que la crise du CPE et le scandale Clearsteam le rendent de plus en plus impopulaire dans l’Hexagone, Dominique de Villepin a reçu à La Réunion un accueil de... Premier ministre ! Les mauvais esprits retiendront qu’il suffit qu’on leur apporte une valise de cadeaux pour que les Réunionnais oublient tout et se laissent embrasser !

Jacques Souprayen,
La Saline Saint-Paul


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