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À Fayard, à Bras Fusil, au Chaudron, à Saint-Denis ou Saint-Louis
21 janvier, par
Dans un courrier adressé aux médias, le sociologue Anrnold Jaccoud rappelle le problème, les responsabilités portées par les représentants de l’autorité publique qui ont un pouvoir et souligne que « le sentiment est que les pouvoirs publics n’ont rien appris. Les épisodes se répètent et les préfets se succèdent... Ne pas résoudre les problèmes hyper connus, c’est les voir se reproduire tôt ou tard. Tant que ces causes existent, aucun changement n’est à espérer ».
• Dans le jargon : Quels sont les facteurs psychosociaux qui contribuent à générer la violence sociale des jeunes et constitue l’environnement dans lequel grandissent les jeunes délinquants ? Et plus directement : Qu’est ce qui caractérise les « voyous » qui pourrissent la vie des gens dans les quartiers dits « sensibles » ?
Il est épuisant hélas de répéter et répéter encore ce qui n’est plus un scoop depuis longtemps... Tous les enchaînements de causalité sont connus ! Résumé :
• Ils ne font rien de la journée, n’ont pas d’activité, ne produisent rien, ont abandonné l’école depuis des mois et toute idée de formation. Leur existence est presque entièrement décalée : oisiveté permanente, horaires, vie nocturne, veille et sommeil, consommation de stups, ils n’ont aucune relation avec les institutions collectives, ni avec les lieux dans lesquels s’inscrit la vie sociale : école, sports, loisirs, culture, clubs, etc. La seule loi qu’ils connaissent est la loi de la rue, les rapports de force, la brutalité verbale et physique.
• Ils vivent dans des familles (et parfois des « « familles » ») qui subsistent uniquement par le biais de revenus de transferts gérés sous contrôle social, qui ne produisent pas la moindre contrepartie en retour, qui s’inscrivent dans un système communautaire et clanique indéchiffrable, et qui sont fatalement submergées par une impuissance, une ignorance, voire une irresponsabilité éducative fondamentale.
• Dès leur petite enfance, au cours de leur brève existence, ils n’ont eu aucun modèle d’identification « adulte » autre que ceux de la bande des petites frappes du quartier, des caïds délinquants et alcooliques ou ceux que leur fournit la sous-culture en miettes des réseaux dits sociaux.
• Ils sont regroupés dans des ghettos sobrement intitulés « logements sociaux » où aucun responsable n’apparaît jamais. Leur désaffiliation sociale se nourrit d’une impunité quasi absolue face à la multiplication répétée de leurs actes d’incivilité et de délinquance.
Assemblage inextricable de problèmes, à la fois familiaux – éducatifs – sociaux – économiques – juridiques et judiciaires – culturels – psychologiques et de l’ordre de l’habitat. Auxquels viennent s’ajouter les caractéristiques d’une population immigrée visiblement mal intégrée, considérée globalement comme invasive, abritant et protégeant une quantité incontrôlable de fauteurs de trouble. La population locale se rassure ainsi avec l’explication « d’un déferlement provenant de l’archipel des Comores » dont la culture et les modes d’existence, de parentalité et d’éducation disloquent « le vivre ensemble réunionnais ».
Elles sont portées par les représentants de l’autorité publique, détenteurs du pouvoir démocratique institué. Ce pouvoir (la plupart du temps dérisoire) que procure l’élection ne confère à l’évidence en rien la moindre compétence susceptible de résoudre les difficultés d’un territoire et de ses administrés. Pourtant certains le croient...
Les préfets qui se succèdent sont incapables de générer toute action à long terme et les maires généralement dépourvus de connaissances, de compétences et de moyens semblent essentiellement prisonniers des enjeux électoraux propres au renouvellement de leur carrière...
On chercherait en vain une analyse solide et complète de la situation, une écoute attentive des besoins, une ouverture pragmatique réaliste, un recours sérieux et cohérent à des professionnels accomplis et à des ressources avérées, travail inlassable et continu...
L’incapacité à traiter les chaînes de causalité entraîne toujours aux mêmes stratégies : on agit sur les symptômes, les conséquences, les effets ! On ne peut que tenter d’endiguer désordre et violence sociale. Interventions des forces de l’ordre, multiplication des contrôles d’identité, intensification des opérations surprises « place nette », recrudescence des perquisitions domiciliaires, instauration de couvre-feu...
Le sentiment est que les pouvoirs publics n’ont rien appris. Les épisodes se répètent et les préfets se succèdent... Ne pas résoudre les problèmes hyper connus, c’est les voir se reproduire tôt ou tard. Tant que ces causes existent, aucun changement n’est à espérer.
Bien entendu, il faut commencer d’abord par déminer le terrain, assécher le marécage. Radicalement. La répression « tolérance zéro » par élimination durable sans hésitation des leaders du désordre ! Même pas en douceur… D’accord ! Et les forces de l’ordre font leur boulot et le font comme elles peuvent.
Mais croire que la répression et l’intervention sécuritaire constituent la finalité de l’intervention publique, c’est « pisser dans un violon » ! C’est ne jamais aborder, travailler et éliminer les facteurs psychosociaux fondamentaux qui génèrent la violence des jeunes. C’est sans résolution réelle.
Et c’est ce qui se passe depuis... de longues années. À Fayard, à Bras Fusil, au Chaudron, à Saint-Denis ou Saint-Louis, un peu partout... Apaisement temporaire, respiration momentanée en attendant la reprise du cycle répétitif des désordres et de la violence juvénile... L’évolution positive d’un quartier ne peut reposer sur les stratégies purement répressives de ses pathologies sociales ou sur des tentations citoyennes d’autodéfense punitive.
Oui, il faut le répéter encore : tant que les causes persistent, aucun changement n’est à espérer !
Arnold Jaccoud
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