Vive les dockers européens !

19 janvier 2006

Il existe une Europe dont les gouvernements libéraux de droite et de gauche, et les nébuleuses financières qui contrôlent les multinationales se passeraient bien. Celle des travailleurs ! C’est pourtant l’Europe des travailleurs qui fabrique toute la richesse dont disposent 450 millions de citoyens. Cette Europe des travailleurs est malheureusement divisée en général, mais il est des professions plus responsables que d’autres, où la solidarité prime sur l’égoïsme d’une compétition stérile (la “compétitivité”) et qui savent “mouiller la chemise” pour faire entendre haut et clair leur résistance quand on les agresse brutalement. Certes, leurs méthodes ne sont pas toujours non violentes, mais quand on vit dans une société où la démocratie n’est plus qu’une illusion ravalée au rang de “star’ac politicarde”, où tout se décide dans le secret de bureaux feutrés avec les représentants de lobbies, il faut parfois revenir à une conception très directe de l’expression de la souveraineté populaire.

Entre 6.000 à 10.000 dockers sur les 50.000 de l’Union européenne ont donc manifesté violemment lundi, devant le Parlement européen à Strasbourg, leur refus d’un projet de directive libéralisant les services portuaires. Simultanément, une grève affectait de nombreux ports de l’Union : en Belgique (Anvers et Zeebrugge), en France (ports de Marseille et du Havre paralysés, blocage partiel de Dunkerque), aux Pays-Bas (Rotterdam, Amsterdam et Flessingue), en Espagne, au Portugal et en Grèce (le Pirée et 11 autres ports), au Danemark (1.300 grévistes à Copenhague), en Suède (1.500 dockers ont débrayé pendant quatre heures.

Tous refusent notamment la directive “Port Package 2”, une étape supplémentaire dans la longue litanie qui sous prétexte “d’économies” vise à autoriser une version moderne de l’esclavage : il s’agit de faire travailler des équipages sous-payés, mal formés et sans droits sociaux pour par exemple charger et décharger les navires au lieu de profiter d’un temps de repos quand le navire est au port ! Quand on sait que le transport représente moins de 10% du prix de vente final d’un produit contre 40% pour les frais financiers (merci à la privatisation de la monnaie !) et 20% pour le “marketing” et la “publicité” (qui sont aux humains ce que le gavage est aux oies), les consommateurs n’ont absolument rien à y gagner (est-ce qu’une “ristourne” de 2% va changer votre niveau de vie ?), tandis que des milliers d’emplois sont directement menacés, avec des conséquences économiques et sociales qui seront dramatiques sur les villes portuaires. Sans parler évidemment de la sécurité mise à mal par l’utilisation de personnels sous-formés : risques accrus d’accidents de navigation ou de manutention, dont la facture est au final réglée par le contribuable. Merci donc aux dockers de nous rappeler qu’on peut agir et se faire entendre !
Le 14 février le Parlement européen devra débattre une fois de plus de la directive dite “Bolkestein” qui prétend généraliser à tous les “services” (70% des emplois) les principes d’une libéralisation à outrance dont le credo est "toujours moins" pour les travailleurs, les rentrées fiscales et sociales et "toujours plus" pour les profits des grandes entreprises. Comme tous les citoyens européens qui vivent au quotidien la dureté des temps du néolibéralisme et qui ont réfléchi à ses causes, nous soutenons les oppositions multiples à cette directive. Nous nous associerons aux manifestations internationales du samedi 11 février que nous souhaitons relayer massivement dans l’île. Dans ce but, nous invitons tous les citoyens intéressés à en débattre au cours du “café-citoyen” du jeudi 26 Janvier de 18h à 20h à “La Terrasse” (coin des rues Félix Guyon et Jean Chatel) à Saint Denis.

Association Initiatives dionysiennes (http://site.voila.fr/aid97400)


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