Vous avez dit dalon ?

22 octobre 2013

Le glossaire de Jean Albany "Le piment des mots créoles" définit ainsi le mot dalon : « Le compagnon, celui avec qui on partage le pain, le travail. C’est le copain. C’est le binôme ».

On retrouve ce terme dans les chansons avec cette signification positive. Par exemple, dans son CD "Batarsité", Danyèl Waro évoque feu Christian Fontaine sous le titre “Tikok” : « mon dalon la désot la vi ». Dans "Kèr Loran", il chante « Nout kamarad nout frèr/Fine alé péi la mor/Loran dalon vanzèr ».

Dans un poème de Bernard Payet, chanté par Ziskakan, "Pou défin Max", on retrouve cette forte connotation affective : « Mèm fil gouni/té fil d’asié/kant in dalon/i tienbo l’bout ».

Accompagné du possessif "mon", ce terme prend une charge affective supplémentaire.

Le terme se féminise et dalone accompagne dalon ! Un groupe de femmes créatrices de bijoux, de sacs, etc. a lancé le sigle "Dalones design" dans un mélange créole anglais.

La formule "an dalonaz" clôture courriers et courriels.

Tout ceci pour dire que dalon/e est du côté de la camaraderie, de l’amitié, de la fraternité. Il est riche d’une proximité affectueuse et d’un partage chaleureux.

Or, on le voit souvent, et de plus en plus, utilisé dans la rubrique des faits divers. Par exemple, « il a tué son dalon » ou « les cinq dalons sont en prison ». Certes, on sait que la violence s’exerce souvent sur les proches, et pour faire les 400 coups ensemble, c’est plus facile entre camarades !

Mais c’est regrettable que ce terme soit presque exclusivement employé dans un contexte de délinquance. Pourquoi associer ainsi des comportements déviants à un vocabulaire créole, avec, qui plus est, un sens largement détourné, sinon inversé ? Cela ressemble à une double dévalorisation. Les dalons et dalones et la langue créole ne méritent pas cela !

Brigitte Croisier


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