Vous avez dit : « malentendu »... ?

3 mai 2003

N’est-ce pas De Gaulle qui - en mai 68, si je ne me trompe - parlait de « chienlit » devant les revendications montant de partout et faisant descendre dans la rue jeunes et moins jeunes de partout ?
Quand il le disait, il faisait tout simplement un constat et n’accusait personne.
Nos gouvernants d’aujourd’hui, face au mécontentement général qui mobilise peu à peu tous les acteurs de la vie économique et sociale, parlent, eux, de « malentendu ». Ils accusent ainsi les citoyens, leurs électeurs d’hier, de ne comprendre rien à rien…
C’est quand ils vous ont élus, Messieurs, qu’ils n’ont, hélas ! rien compris.
Pour l’instant, on ne peut dire que l’on a mal entendu, puisque l’on n’a rien donné à entendre. Pas de dialogue. Les princes qui nous gouvernent coupent et tranchent, en tout domaine et en toute fantaisie. Ils savent ce qu’il nous faut. Et puis c’est urgent. Il y a les énormes déficits et l’Europe sur nos talons.
Alors, on diminue les impôts de ceux qui produisent et possèdent, et l’on rogne sur les droits acquis toutes catégories… Même les médicaments - plus de 600… !, parmi les plus demandés - sont devenus non remboursables pour cause d’inefficacité décrétée, au grand dam des malades les plus pauvres et des Mutuelles…
Temps de travail, retraites, trente-cinq heures, fonctionnaires d’État transférés au territorial, des emplois-jeunes menacés de disparition pour cause d’inutilité proclamée…
Ce qui compte pour nous, de l’avis d’un responsable local du MEDEF, ce sont « les résultats »… !
Pour l’instant, les « résultats », c’est la courbe du chômage qui remonte, c’est le mécontentement généralisé, la coalition de tous les syndicats pour contrer les décisions unilatérales du gouvernement, le corps enseignant dans la rue et élèves et étudiants "hors classes". À croire qu’une écrasante majorité au Parlement donne le droit d’écraser toute résistance, passant outre les légitimes attentes et les mises en garde des organisations professionnelles.
Devant le mépris affiché face aux militants réunionnais par les différents ministres en rapide tournée dans notre île, on sentait ça venir. Mais le comble de la façon grossièrement cavalière, c’est le refus du jeune député-maire de Saint-Denis de recevoir de jeunes compatriotes chômeurs venus lui soumettre leur problème. Quand la porte de la mairie s’ouvrit, ce furent les "forces de l’ordre" qui ont fait irruption. S’il ne voit pas, ce maire-là, ce jeune Réunionnais-là, s’il ne mesure pas l’énormité de l’affront ainsi fait à ses frères en détresse, je dis que le "succès" et les honneurs et le pouvoir l’ont déjà sérieusement détérioré.
C’est un cas, ce Monsieur-là ! Mais je pense que c’est surtout la honte qui l’a retenu de paraître face aux manifestants. Quand la Droite est arrivée, en effet, et quand en plus il est "arrivé", lui, son naïf enthousiasme, cocoricotant comme un coq qui aurait trouvé une brosse à dents, il a averti solennellement que l’on « allait voir ce qu’on allait voir »…, après une Gauche qui « n’avait rien fait »… !
Pas de doute que devant le spectacle de la rue, il ne se sentait vraiment pas le courage d’aller voir ce qu’on lui demandait de venir voir…
Pourtant, il est urgent qu’ils ouvrent les yeux… et le cœur surtout ! C’est vrai que Raffarin vient de prévoir 800 euros de prime par nouvelle naissance. C’est un peu donner d’une main ce que l’on enlève de l’autre. Mais là, c’est aussi et surtout ajouter du lait dans une casserole en train de bouillir… Ils ont de ces trouvailles !


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