Lilian Malet, délégué général de l’ACCD’OM (Association des Communes et Collectivités d’Outre-Mer)

A quand, une véritable égalité ?

25 février 2009, par Risham Badroudine

Le développement durable ainsi que la possibilité pour les Français d’Outre-mer d’avoir les mêmes chances que ceux de l’hexagone font partie des projets soutenus et mis en œuvre par l’ACCD’OM. 

Que pensez-vous des propos du chef de l’Etat sur la fin d’un cycle ? Le modèle économique actuel des DOM a–t-il atteint ses limites ?

- Depuis la départementalisation, voici plus de 60 ans, nous n’avons pas encore atteint véritablement l’égalité puisqu’il existe des disparités importantes entre la situation des DOM et celle de la France hexagonale. En clair, un Français ultramarin n’a pas les mêmes chances qu’un Français de l’hexagone. Nous entretenons toujours des rapports de territoires à métropole, et ne sommes donc pas totalement sortis de la relation post-coloniale. Il serait temps d’en finir et de revoir nos relations, que nous soyons considérés comme des adultes, notamment dans la perspective d’une meilleure intégration régionale.

Que pensez-vous pensez de la création des Etats généraux ?

- Les États généraux doivent permettre non seulement aux Ultramarins de faire avancer leurs revendications et de cadrer la mise en œuvre d’une nouvelle étape de développement, mais aussi permettre une prise de conscience de nos réalités et de nos attentes au niveau de l’opinion publique nationale. Nous sommes totalement méconnus des journalistes, eux-mêmes faisant l’amalgame entre nos différents territoires et entretenant des clichés obsolètes ou farfelus. Nous espérons que ce ne sera pas une grand-messe de plus.

Que propose l’ACCD’OM ?

- Je rappellerai d’abord que l’ACCD’OM est née en 1991 justement d’un constat d’incompréhension et de non prise en compte au niveau national de nos préoccupations. Depuis, nous ne cessons d’interpeller les pouvoirs publics soit à travers les motions votées à l’occasion des congrès, soit sous forme de tribunes ou de notes. Dès 1991, bien avant que cela ne soit à la “mode”, nous avions inscrit le développement durable dans nos statuts et sommes donc en phase sur ce point avec tous les projets actuels. Deux éléments nous tiennent plus particulièrement à cœur :
Le premier est la mise en place d’un fonds de rattrapage au niveau national pour permettre aux collectivités de se mettre à niveau. Pendant des dizaines d’années, des “économies” ont été faites au détriment de nos populations. Cela explique en grande partie nos données économiques, notamment les chiffres du chômage et les problèmes de logement. Ce ne serait que justice !
Le deuxième est la mise en œuvre d’un Agenda 21 dans chaque commune de l’Outre-mer. Maintenant que les Assises sont annoncées, nous proposons que cela se fasse en continuité. Cela aurait l’avantage de permettre à la population de chaque territoire de mettre en place un projet de développement local, s’intégrant dans les perspectives régionales et favorisant la cohésion sociale aux différents échelons.
Nous aurons notre avis sur bien d’autres préoccupations afin de permettre aux DOM d’appréhender avec plus d’espoir les années à venir.

Propos recueillis par Risham Badroudine

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