Tony Palama, post-doctorant au CYROI

Améliorer et valoriser la vanille de La Réunion

30 mai 2011

Tony Palama est post-doctorant au sein du GIP CYROI et travaille en collaboration avec l’unité mixte de recherche “Peuplements Végétaux et Bioagresseurs en Milieu Tropical” de l’Université de La Réunion. Au cours de son doctorat, il s’est intéressé à la caractérisation métabolomique par Résonance magnétique nucléaire de la vanille, Vanilla planifolia. Il possède aujourd’hui un doctorat en physiologie et biochimie végétales de l’Université de La Réunion, un master en génomique et technologies avancées des plantes de l’Université de Montpellier 2 ainsi qu’un « doctoral degree » (Ph.D) de l’Université de Leyde, aux Pays-Bas.

Pourriez-vous nous parler de votre parcours d’étudiant et de chercheur et de vos motivations et intérêts ?

— En 2000, avec un bac S en poche, je me suis dirigé vers les bancs de l’Université de La Réunion. J’ai d’abord décroché, à l’époque, un DEUG Science de la vie. Arrivé en Licence de Biologie des organismes, je me suis rendu compte que la spécialité que j’avais choisie ne m’intéressait pas beaucoup. J’ai alors décidé de rejoindre l’année suivante, une licence de Biologie cellulaire et physiologie à Montpellier avec comme spécialité : la Physiologie végétale appliquée. Et là, j’ai trouvé mon intérêt… pour les plantes tropicales !
J’ai effectué mes stages de recherche sur la génétique de la canne à sucre, la banane et le café Bourbon pointu. Fin 2006, après avoir repris contact avec mes anciens enseignants de La Réunion, ceux-ci m’ont proposé, à la fin de mon master, de poursuivre dans la recherche par le biais du doctorat.
J’ai eu ainsi la chance de travailler sur la biochimie et la physiologie de la vanille de La Réunion : comprendre comment fonctionne la plante ? Quelles sont les molécules qui la caractérisent ? Comment la vanilline est formée dans la gousse jusqu’à sa maturité ? …
Nous avons mis en place une collaboration avec l’Université de Leyde, aux Pays-Bas, puis celle-ci s’est concrétisée par une cotutelle de thèse. J’étais alors inscrit en doctorat dans les deux universités. Mes séjours aux Pays-Bas m’ont permis d’acquérir très rapidement une solide expérience dans le domaine de l’analyse de métabolites (les petites molécules) dans les plantes. En juin 2010, j’ai défendu ma thèse en anglais devant un jury d’expert à Leyde. Cette expérience à l’étranger a été très enrichissante pour moi et j’en garde un très bon souvenir ! Aujourd’hui, je suis en contrat CDD et poursuis mes activités de recherche sur l’analyse de la vanille et de plantes médicinales de La Réunion.

Lors du Forum des Jeunes Chercheurs du mercredi 18 mai, vous avez présenté comme sujet : "La vanille de La Réunion : en quête d’une qualité sans frontières", pourriez-vous nous en parler ?

J’ai présenté au Forum des Jeunes Chercheurs une partie de ma recherche doctorale qui avait particulièrement porté sur l’analyse de gousses de vanille. Deux études, sur l’évolution des métabolites au cours de la maturation de la gousse ainsi que sur l’analyse des profils métaboliques provenant de différentes accessions de Vanilla planifolia, ont été menées. J’ai montré que la méthode analytique employée me permettait de discriminer des gousses de vanille de différents degrés de maturité.
De plus, en utilisant des analyses statistiques, il a également été montré que les profils métaboliques pouvaient être exploités pour la sélection d’accessions « élites ». Ces accessions auront tout intérêt à être utilisées préférentiellement afin d’avoir un gain de production et de qualité. De plus, le thème de la journée ayant été “Au-delà des frontières”, j’ai mis l’accent sur la qualité de la vanille ainsi que les actions qui sont menées pour améliorer et valoriser la vanille de La Réunion.

Les Réunionnais qualifient leur vanille de meilleure au monde, y a-t-il une justification à cela ?

— C’est la vanille “Bourbon” qui a jusqu’à ce jour une certaine renommée. Pour mémoire, la désignation “Bourbon” englobe les vanilles de La Réunion, de Maurice, de Mayotte, des Comores mais aussi celle de Madagascar. Aujourd’hui, je pense qu’on peut trouver à La Réunion de la très bonne vanille mais aussi celle d’une bien moindre qualité. Il faut maintenant valoriser notre vanille, faire reconnaître sa qualité au monde et ce n’est qu’à ce moment-là que la vanille de La Réunion pourra surpassera la renommée de la vanille Bourbon. Dire qu’on a la meilleure vanille est une chose mais que le monde le reconnaisse de lui-même serait bien mieux !

Quand et comment pourra-t-on voir une véritable reconnaissance de la vanille de La Réunion ?

— Pour avoir personnellement rencontré quelques producteurs de vanille. Je pense que la première chose à faire serait de maintenir et voire même d’augmenter la production de vanille. La culture de la vanille n’est pas très lucrative à La Réunion mais il faudrait que de jeunes agriculteurs y trouvent de l’intérêt, un moyen de se diversifier peut-être.
Si chacun y voit le moyen de conserver une partie du patrimoine réunionnais, ensemble nous pourrions au moins stabiliser la production. Une fois que la production sera assurée, on pourra alors œuvrer à faire valoir la qualité de la vanille de La Réunion. Il faut savoir que des actions ont déjà menées : certification bio, label “Produit Pays”, dépôt de dossier pour une labellisation d’“Indication géographique protégée”… La recherche pourra également apporter sa pierre à l’édifice en permettant d’authentifier l’origine des vanilles et en contribuant à la révision des normes pour redéfinir les critères d’analyse de vanille naturelle.
Et pour répondre à la question : quand ? Je pense que comme pour beaucoup de choses, tout dépendra de la volonté et des moyens qui seront mis en jeu.

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