Christophe Rat, directeur de l’ARER - 2 -

Autonomie énergétique 2025 : un projet de développement durable

12 décembre 2008, par Manuel Marchal

Dans ’Témoignages’ d’hier, Christophe Rat avait évoqué les débuts de l’Agence régionale de l’énergie Réunion (ARER). Aujourd’hui, il décrit les perspectives sur lesquelles travaille l’ARER. Pour 2025, l’objectif est de produire suffisamment d’électricité pour couvrir tous les besoins domestiques et professionnels de La Réunion du million d’habitants, mais également pour 200.000 véhicules électriques. 2009 sera l’année où les coûts et les créations d’emplois seront estimés.

Christophe Rat, l’autonomie énergétique pour 2025, c’est possible ?

- La possibilité technique est plutôt avérée. 2025 peut devenir une vraie réalité technique. Gerri peut donner la possibilité à La Réunion d’être une vitrine internationale. Cela peut nous aider à accroître les avancées.
Cette année, nous avons affiné le projet. Dans le dimensionnement, nous avons embarqué les besoins de Gerri en véhicules propres. Cela veut dire que nous travaillons sur une autonomie énergétique pour l’électricité, et pour 200.000 véhicules électriques.

Dans cette perspective, quels seront les grands chantiers de l’année prochaine ?

- Pour 2009, nous tenons le cap. Nous allons devoir gérer l’amplification qui s’annonce (Gerri, visite de Nicolas Sarkozy) sur chaque axe du projet d’autonomie énergétique.
Cette année, on précisera les coûts, les maquettes en termes de créations d’emplois, de transferts de technologies.
Pour les années à venir, on peut connaître des accélérations ou des points d’arrêt. Nous avons aussi des urgences de base sur lesquelles nous pouvons réussir à très court terme. Par exemple, en 2002, nous appelons à la généralisation du chauffe-eau solaire et nous constatons qu’en 2008, on importe encore 20.000 chauffe-eau électriques par an.
L’application d’une réglementation thermique dans le bâtiment pourrait aussi nous permettre d’empêcher l’importation de 40.000 climatiseurs par an. Aujourd’hui, on construit encore des fours qui ont besoin de climatisation. Si on construisait selon d’autres normes, avec de la ventilation, on pourrait diminuer de deux points l’augmentation de la consommation électrique chaque année. L’interdiction des lampes à incandescence peut nous faire quant à elle baisser de 1,3 point la croissance de la consommation.
Il est donc possible de mettre en place rapidement ces réussites, qui nous permettraient une diminution de la consommation électrique. Tout le monde a compris ces enjeux, on a tout décortiqué. Maintenant, place à l’action réglementaire et à la poursuite des efforts.

En 2009, vous allez évaluer les perspectives en termes de création d’emplois. Pouvez-vous nous en dire plus ?

- Nous attendons beaucoup de la sagesse des gouvernants pour que tous les plans privilégient le développement de structures locales.
Force est de constater qu’importer du pétrole n’est pas créateur d’emplois, par contre, fabriquer des chauffe-eau solaires, oui. En tant de crise, l’économie du solaire est un atout. Il est important de développer de nouveaux secteurs économiques, d’évaluer le nombre de nouveaux emplois nécessaires, et à partir de là, d’anticiper les besoins de formation. L’autonomie énergétique est donc un projet de développement économique.
La création d’emplois contribue à un projet de développement social, alors que la transition énergétique vers les énergies renouvelables est un projet environnemental. L’autonomie énergétique concilie donc le social, l’environnement et l’économie : c’est le développement durable.

Existe-t-il dans le monde un projet équivalent ?

- Partout où nous allons présenter ce projet, on est clairement leader. Au niveau européen, nous sommes en pôle position. Dans le monde, cela peut bouger très vite. Mais pour le moment, nous sommes dans le pôle de compétition mondial.

Fin

Propos recueillis par M.M.

Les atouts de La RéunionEnergies renouvelables

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