Willy Philéas, fils de Granmoun Lélé

Centre Granmoun Lélé : « nout tout nou peu venir dedans »

23 décembre 2008, par Manuel Marchal

Tout comme son père, Willy Philéas est un grand défenseur de la culture réunionnaise en général, et du maloya en particulier. Il a pris une part active dans ce qui restera comme l’événement de la commémoration du 160ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage : la dénomination du Centre de rayonnement régional de Saint-Benoît en Centre Granmoun Lélé.

Willy Philéas, comment la dénomination du CRR en Centre Granmoun Lélé a-t-elle été perçue à Bras-Fusil ?

- Les gens sont contents. Ce n’est pas un intellectuel qui a été choisi comme c’est le cas d’habitude. C’est une personne qui a du mérite, c’était un combattant culturel. Granmoun ne se rendait pas compte de tout ce qu’il a fait. Jamais nous n’aurions pensé que l’on donnerait son nom à un conservatoire, à un aussi grand bâtiment. Nous sommes fiers, émus.
Le discours de Paul Vergès était remarquable car il faut de temps en temps rappeler l’Histoire, les dates. L’esclavage n’est pas si loin, et nous avons subi cela.
Dans le milieu du Conservatoire, c’est plutôt une certaine classe sociale qui vient. Lui donner le nom de Granmoun, cela va donner un élan à tous les autres. Souvent, beaucoup hésitent à aller dans le Conservatoire. Nous avons un rythme, nous avons une culture : nout tout nou peu venir dedans.
Car quand papa était au top, il marchait toujours pieds nus, quand il sortait du travail, il était suiffé. Il a su toujours rester simple. A Bras-Fusil, il était bien dans sa peau.
Donner son nom à une structure comme cela, merci. Y laisse une trace forte.

Est-ce grâce à des personnes comme Granmoun Lélé que des jeunes veulent s’investir dans le maloya ?

- Oui. Et il faudrait faire aussi bien que Granmoun. Aujourd’hui, le maloya est au grand jour, il a sa place comme une autre musique. À nous de l’enrichir, si nou travay nout l’entrée et nout sortie, le spectacle est bon.
Nous avons travaillé sur la voix. Faut pas nous plante sans arrêt dans la misère comme autrefois. Le maloya évolue. On peut le chanter comme avant, mais on travaille aussi sur le spectacle. Car quand des personnes viennent, nous devons transmettre de l’émotion.
Et nous voulons mettre la barre très haut pour travailler la partie scénique du maloya. On a beaucoup de groupes qui prennent ce chemin-là, avec un visuel et des mots qui bougent.
On a un véritable engouement.

Le vert, le blanc et le rouge ornaient les murs du Centre Granmoun Lélé le 20 décembre. Que signifient ces trois couleurs ?

- Ce sont des couleurs de base, des couleurs présentes depuis longtemps, des couleurs que l’on aime. Le rouge, cela peut être le sang, le blanc la pureté et le vert l’énergie. Mais le rouge, c’est aussi la couleur de la nation de notre papa indien, le blanc le catholique et le vert le malgache.
Ce sont nos couleurs de base, c’est très loin de représenter un drapeau.
Autour de la photo sur la scène se trouvaient deux tresses. Ces deux tresses, c’est pour maman qui nous a quittés récemment. Nous avons eu du plaisir à mettre ces couleurs en place.

Propos recueilli par M.M.

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