Maya Césari, maître de conférence et candidate de l’Alliance

« D’une logique de rattrapage à une logique de compétitivité et d’ouverture au monde »

26 février 2010

Conseillère régionale sortante en charge de l’Innovation, Maya Césari explique comment l’excellence pourra être un des piliers du développement de La Réunion du million d’habitants.

Pouvez-vous en quelques mots décrire votre parcours ?

- Je suis un pur produit universitaire rectiligne jusqu’au Doctorat puis à un poste de Maître de conférence. Mais la voie était déjà tracée, avec une maman docteur en linguistique et un père mathématicien, professeur d’université. Je trouve qu’un parcours comme celui de ma mère qui, venant d’un milieu défavorisé, a quitté La Réunion après le Bac pour faire ses études à Lyon puis à Paris jusqu’à la Thèse à la Sorbonne, a beaucoup plus de mérite que moi. De la même façon, le parcours d’une autodidacte comme ma grand-mère, Renéta Grenoux, qui, sachant à peine lire et écrire, va apprendre, aux côtés du docteur Raymond Verges, le métier de sage-femme à domicile et sauver tant de mères et de nouveau-nés à Sainte-Suzanne, est vraiment admirable à mes yeux.

Quelles sont les raisons qui vous ont amené à vous intéresser à votre domaine de compétence ?

- Je suis enseignant-chercheur en biologie moléculaire à l’Université de La Réunion. Cela signifie que je me suis spécialisée dans l’étude de l’ADN et de l’expression des gènes. L’ADN est une molécule “magique” qui m’a fascinée très tôt car avec quatre types de lettres différentes (ATGC), il est capable de coder un organisme aussi complexe que l’être humain. C’est absolument passionnant de décoder ce langage et d’enseigner la découverte et les propriétés de cette molécule de la vie aux étudiants.
Dire que nous ne sommes que carbone, oxygène, hydrogène, azote, phosphate, soufre… nous rappelle que nous sommes peu de chose et si proche de tout ce qui nous entoure. Avec mon équipe, nous étudions plus particulièrement la biologie de l’obésité. Il s’agit véritablement d’un problème de santé publique dans le monde et particulièrement à La Réunion. La recherche, mais surtout la prévention, sont nécessaires face à un tel fléau qui diminue largement l’espérance de vie d’un individu.

Comment pensez-vous contribuer à la réussite du projet réunionnais de développement durable ?

- Il est démontré que le dynamisme et la compétitivité d’une région sont corrélés à son niveau de recherche et d’innovation. Mes questions sont : “Comment, à La Réunion, la recherche peut-elle s’intéresser à La Réunion ?”, “De quelle recherche la société réunionnaise a-t-elle besoin ?”, “Comment rapprocher le monde de la recherche du monde de l’entreprise ?”.
La Réunion doit passer d’une logique de rattrapage à une logique de compétitivité et d’ouverture au monde.
En outre, les Réunionnais diplômés doivent trouver des débouchés à La Réunion s’ils souhaitent rester ou revenir ici. C’est en investissant dans des structures fédératives mutualisées et de haut niveau que nous pourrons relever ces défis et participer à l’excellence européenne. Ces structures sont par exemple la future antenne de télédétection satellitaire (à Terre-Sainte), le futur Observatoire de la haute atmosphère (au Maïdo), la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, ou encore le Centre de recherche sur les maladies émergentes dans l’océan Indien. Toutes ces structures que nous soutenons permettront d’accompagner des projets de co-développement à différents niveaux avec nos voisins de l’océan Indien et de partenariat avec le reste du monde.
2010 sera aussi l’année de la mise en œuvre opérationnelle de la stratégie régionale d’innovation que nous venons de rédiger en partenariat avec tous les acteurs de La Réunion dans ce domaine. Notre avenir réside dans notre capacité à inventer des solutions adaptées à nos problèmes. Le futur de La Réunion sera innovant ou ne sera pas, et tout les Réunionnais peuvent y contribuer.

A la Une de l’actuRégionales 2010

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus