Philippe Berne, vice-président de la Région

Des mesures pour la pérennité des transporteurs

12 novembre 2008

Philippe Berne décrit ce que l’accord signé lundi va changer pour les transporteurs. Au-delà de la baisse de 20 centimes qui répond à une urgence, les propositions de la Région permettront de dynamiser l’activité des transporteurs, tout en améliorant leurs conditions de travail.

Dans quelle ambiance s’est déroulée la négociation de lundi à la Chambre de commerce ?

- Comparée à la réunion de vendredi à la préfecture où Pierre Vergès a été insulté, nous avons noté un plus. On constate la reconnaissance du fait que pour faire aboutir des chantiers, il faut des transporteurs, mais aussi que la commande publique joue un rôle essentiel dans l’activité des transporteurs.
Cela ne s’est donc pas trop mal passé, même si la signature a été longue à se dessiner.

Le préfet a imposé aux pétroliers une baisse de 10 centimes pour tout le monde. Est-ce à dire que c’est là que se situent les marges de manœuvre ?

- La définition du prix des carburants se fait entre deux acteurs : d’une part les pétroliers et d’autre part le préfet qui se fie à des données obtenues auprès des Douanes et des pétroliers.
Yves Jégo demande une expertise dans tous les DOM, à commencer par La Réunion. C’est la preuve qu’il manque des éléments, et donc que la transparence est nécessaire. Espérons que cette expertise de l’Etat aille jusqu’au bout.
Prix d’achat, du transport frais annexes, ce sont autant de choses que l’on ignore.
Mais force est de constater que les maisons mères des compagnies pétrolières font des bénéfices très importants en pleine période de crise. C’était la conclusion de la conférence de presse du PCR de samedi.

Quelle est la conséquence pour les collectivités de l’aide provisoire accordée aux transporteurs ?

- Les collectivités ne voulaient pas engager leurs finances. La taxe perçue par la Région (TSCC) est utilisée à 100% pour le réseau routier, et son montant est le même depuis 2000 : 36 centimes par litre de gazole.
Pour l’octroi de mer, la situation est différente, car c’est un pourcentage du prix. Car le prix des carburants augmente du fait de la hausse du prix du baril, les recettes de l’octroi de mer augmentent aussi. Quand le baril était à 150 dollars, une recette supplémentaire de 2,5 millions d’euros a été reçue, elle n’a pas encore été budgétisée. Elle est destinée à la Région et aux communes. Nous avons donc proposé de redistribuer cette recette exceptionnelle perçue sur le gazole vers une catégorie professionnelle. Mais pas question de toucher à l’octroi de mer général, payé par tous les Réunionnais, vers une seule catégorie.
Les professionnels seront donc remboursés sur facture de 10 centimes par litre de gazole, cette mesure est provisoire.

Quelles perspectives ouvrent cet accord ?

- Tout le monde a focalisé sur une baisse de 20 centimes à la pompe. Des professionnels nous ont dit qu’il fallait trouver des solutions pérennes, afin d’anticiper toute future augmentation du prix du pétrole.
Parmi les sept articles du protocole d’accord, un oblige les donneurs d’ordre à accepter une répercussion de la hausse du prix du carburant dans la facture payée au transporteur.
C’est la loi, et c’est ce qu’applique systématiquement la Région. Par exemple, le marché d’enrobés de la route des Tamarins était initialement de 65 millions d’euros. Il a augmenté de 15 millions d’euros du fait de l’application de cette surcharge carburant.
Nous allons donc travailler à une charte de bonne conduite entre les donneurs d’ordre, les transporteurs et les sous-traitants. Nous allons en effet enquêter pour savoir si le petit transporteur qui travaille en sous-traitance peut effectivement répercuter cette surcharge carburant auprès de l’entreprise qui a remporté le marché. Si une entreprise à qui nous avons attribué un marché ne permet pas à ses sous-traitants de bénéficier de la surcharge carburant, alors, à la Région, nous nous engageons à ne plus travailler avec elle. Et comme vous le savez, la commande publique compte beaucoup dans l’activité des entreprises du transport.

Quels sont les autres points de l’accord ?

- D’autres points ont été actés lundi.
Tout d’abord, nous allons travailler à faire des lots liés à la taille des TPE du transport, afin qu’elles puissent plus facilement accéder à la commande publique.
Nous mettrons également en place une feuille de route sur les grands chantiers.
Nous avons également une série de projets concernant l’aménagement d’aires de repos pour les transporteurs, ainsi que la construction de quatre pôles logistiques comportant chacun un point de stockage de carburants, et une zone de maintenance.
Toutes ces mesures sont des chantiers qui dynamiseront l’activité des entreprises du transport. Elles amélioreront également les conditions de travail. Tout cela va donc bien au-delà de 20 centimes d’euro par litre.

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