Benjamin Elma, président du SPPAP

« Des milliers d’emplois vont disparaître »

10 juin 2010, par Céline Tabou

Au lendemain du Conseil des ministres de la COI, le président du Syndicat pour la promotion des produits agricoles pays tire la sonnette d’alarme : l’Accord de partenariat économique risque de porter un coup fatal à la production réunionnaise.

Que pensez vous de la libéralisation du marché réunionnais, depuis 2009, contrairement aux autres pays de la COI (Seychelles, Comores, Madagascar, Maurice) ?


- Il est prévu que tous les produits venus de l’étranger puissent entrer dans le marché Réunionnais, sans droit de douane, ni contrainte. Je pense que cela va tuer l’économie de La Réunion, car le niveau des charges est très différent entre les productions locales, et internationales, qui ont des avantages. Cela détruit des pans entiers de notre économie.
Nous sommes d’accord avec la régionalisation, mais l’Union européenne doit imposer des règles. Par exemple, à Madagascar, le coût de la main d’œuvre est d’un euro dans un champ, alors qu’à La Réunion, c’est beaucoup plus cher. Si il n’y a pas de règle, cela va créer un réel déséquilibre qui va tuer la production réunionnaise locale (animal, végétal,...). Il ne s’agit pas seulement de la destruction de l’économie de La Réunion, mais aussi des milliers d’emploi qui vont disparaître.

Quels sont les objectifs de la manifestation du mardi 8 juin ?


- Ce n’était pas une manifestation mais une conférence de presse en plein air, au Port, lieu d’arrivage des marchandises destinées à toute l’île. C’est un lieu symbolique, car les produits qui arrivent contribuent à tuer notre économie.
Nous demandons une régulation des importations. Parce que les producteurs locaux ont beaucoup investi pour la valorisation, la traçabilité, et la visibilité du label Réunion. Tout cet argent dépensé n’aura servi à rien. Parce que les parts de marché de la production locale reculent, il faut donc que les instances interviennent pour réguler, les importations. Par contre, nous n’avons rien contre les importations, mais nous souhaitons qu’elles viennent combler ce que la production locale ne peut pas fournir.

Qu’attendez vous des autorités, et que préconisez vous ?


- Nous voulons que le développement endogène promi par Nicolas Sarkozy soit mis en place, au sein d’une structure. Sinon ce sont de belles paroles, qui n’auront rien apporté à La Réunion. De plus, nous souhaitons que les choses bougent au niveau politique. Les hommes politiques doivent avoir le courage de porter leurs idées et défendre l’économie de La Réunion.
Nous souhaitons que l’ensemble des filières de l’île se réunit autour de la table, notamment lors de la rencontre prévue avec le préfet, afin que tous les problèmes soient exposés, dont les Accords de partenariats économiques. Il s’agit également de mettre en place un cadre juridique, à travers un comité ou un organisme qui se chargerait de trouver des solutions aux problèmes des producteurs Réunionnais de toutes les filières.

Propos recueillis par Céline Tabou

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