JACQUES SIOU MILITANT PCR

25 avril 2009, par Jean Fabrice Nativel

« J’étais à Saint-André pour défendre la démocratie et aujourd’hui si je suis condamné je serai fier car je le suis en tant que communiste »

Retour avec Jacques Siou sur l’élection de maire à Saint-André en 1985.

Vous voilà sur la route de Saint-André ?

- En 1985 –et bien avant- je milite à la section PCR Saint-Denis. Des camarades et moi sommes sollicités pour tenir des bureaux de vote à Saint-André où Laurent Vergès conduit une liste. Le 25 août, dés 4 heures je suis debout, le temps de me préparer et nous voilà déjà en réunion à Sainte-Suzanne. Nous nous concertons et déterminons l’attitude à avoir face aux nervis de Jean-Paul Virapoulé. Tout est calé ! Les camarades sont déposés dans les différents bureaux de vote dont moi au bureau centralisateur –mairie du centre-ville.

Que se passe-t-il au bureau centralisateur de Saint-André ?

- Au bureau centralisateur -président Jean-Paul Virapoullé et vice-président Gino Ponimbalom- , j’y suis avec d’autres camarades et nous nous devons d’être vigilant. Jean-Paul Virapoullé se met à disposer des bancs et nous demande de nous asseoir. Je lui dis : « Je ne suis pas venu ici pour m’asseoir mais pour veiller au bon déroulement du scrutin et au respect de la démocratie ». En réalité, tout est fait pour perturber cette élection.

Mais encore ?

- Vers 11h une rumeur arrive à nos oreilles. Nos camarades de Saint-André semble-t-il auraient été frappés. Deux des camarades responsables viennent nous confirmer ces faits. Aussitôt, je m’empresse de sortir du bureau centralisateur. Patrick Naulot (Front National) m’en empêche et dans la bousculade une urne tombe et les bulletins de vote avec. Idem pour notre camarade Théo Clotagatilde qui croise Gino Ponimbalom sur sa route. Malgré les bousculades, le brouhaha, la bande de nervis, nous arrivont à sortir et défilont du bureau de la mairie vers celui de Champ Borne et de Quartier. Fin de cet épisode.

C’est tout ?

- L’année d’après (1986), je reçois la visite de deux inspecteurs à mon salon de coiffeur -alors que je coiffe- de la rue de l’Est Saint-Denis à deux pas de "Témoignages". Ils me remettent une convocation. Je leur demande de patienter et informe la direction de mon parti. Je reviens et glisse à mon client ce qui m’arrive. Je continue ma coupe et m’absente un instant et sort par une porte “secrète” qui donne sur la rue. Me voilà pendant quinze jours hébergé chez des camarades du Port –ma femme accouche entre-temps. Raymond Amelin fermera les portes de mon salon.

Que se passe-t-il ensuite ?

- Tous les camarades accusés se rendront à leurs convocations m’informe mon parti. Je décide de retourner à une vie normale et d’exercer mon activité d’artisan. Je me rends au tribunal le jour j où Gino Ponimbalom m’accuse de certains faits. Mes camardes et moi sommes défendus par Maîtres Folio et Boniface. À l’issue de ce procès, je suis déclaré coupable. Notre parti décide de faire appel.

Parlez-nous de ce nouvel épisode ?

- Jacques Vergès est venu assurer notre défense. Il demande à voir les témoins qui m’ont accusé. Ils sont anonymes. Notre avocat révèle des témoins qui peuvent certifier ma non présence sur le lieu des faits. Ils sont anonymes aussi. Le Juge demande à Jacques Vergès d’appeler ces témoins anonymes. Lui, lui dit d’appeler les témoins anonymes qui mettent en cause son client. Une suspension de séance est alors demandée –on est en appel. Une demi heure plus tard, le tribunal revient. Avant de rendre sa réponse, il demande à l’assistance composée de militants de notre parti de ne pas manifester leur contentement ou mécontentement. La juge me demande ma dernière volonté, je lui réponds, je m’inscris en faux, j’étais à Saint-André pour défendre la démocratie et aujourd’hui si je suis condamné je serai fier car je le suis en tant que communiste.

Décision ?

- Le tribunal décide de nous relaxer. Notre parti veut entamer une procédure contre nos accusateurs. Au bout de 5 ans, je reçois une convocation et décide d’abandonner les poursuites. Lorsque j’étais mis en cause au bout d’un an, j’étais devant le tribunal et lorsque nous portons plainte au bout de 5 ans. Ma conclusion, la justice est à deux vitesses.

Que devenez-vous ?

- Aujourd’hui, je continue à militer au PCR et suis responsable de l’Habitat à la mairie de la Possession. Avant cela, j’étais candidat dans le canton de la Source Bellepierre Brulé contre Éric Boyer (1986), adjoint au maire Roland Robert (1989-1995), adjoint au maire Michel Tamaya (1995-2001) et élu à la CCIR (1998-1999).

Jean-Fabrice Nativel

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