Daniel Minienpoulé, président de la Fédération des associations et groupements religieux hindous et culturels tamouls de La Réunion

Jours fériés et religion hindoue : une étape importante au bout de 38 ans de lutte

14 avril 2009, par Manuel Marchal

Le Jour de l’An tamoul est l’occasion de faire le point sur une avancée importante ouvrant la porte à un partage des jours fériés entre les religions pratiquées à La Réunion. Un accord avec l’Eglise catholique permet d’aller vers une répartition sans équivalent dans la République, ce qui est une étape importante dans la lutte menée par la Fédération fondée en 1971.

Daniel Minienpoulé, quel est le sens de cette année qui commence ?
- Virôdi Varousham 5110 n’est pas une année qui est sous de bons auspices. C’est une année favorable aux forces négatives en général. C’est ce que disent le calendrier et les prédictions. Il est donc important d’aller se conforter en allant au temple, pour apporter son énergie individuelle et recevoir l’énergie collective qui vient de ces temples. Le kovil est en effet bien plus qu’un lieu spirituel, c’est un lieu social où nous recevons cette énergie.
Ce matin, les Tamouls se préparent à accueillir Souryan, le Soleil, qui se lève à 6h29. La veille, la maison a été nettoyée. Après l’accueil du soleil, c’est la prière en famille, puis le départ vers le temple où a lieu une cérémonie pour Souryan jusqu’à 9 heures. C’est ensuite une cérémonie générale pour toutes les divinités, avant la lecture du Pandjangam, l’almanach tamoul. Les officiants font ensuite les prédictions pour l’année. Le repas de midi est ensuite partagé, et l’après-midi, de nombreuses manifestations culturelles sont organisées par les associations.

Aujourd’hui, les pratiquants pourront-ils s’absenter de leur travail ?
- Depuis 1976, la Fédération tamoule a fait des demandes auprès des pouvoirs publics pour que la religion hindoue soit reconnue comme religion dans la République française. La Réunion a une forte population d’origine hindoue, et nous militons pour cette reconnaissance de la religion à travers cette autorisation d’absence.
Dans l’attente d’une réponse favorable à notre revendication, nous demandons aux autorités de faire preuve de souplesse pour le Jour de l’An tamoul. J’ai demandé aussi publiquement aux Tamouls de prendre leur RTT ou un jour de congé aujourd’hui pour participer aux festivités du Jour de l’An. Car dans l’attente de l’officialisation, il est important de prendre ses responsabilités.

Cette reconnaissance officielle est-elle en bonne voie ?
- À côté de cette demande de reconnaissance de la religion hindoue comme religion pratiquée au sein de la République française, nous militons de longue date pour le droit à des jours fériés, afin que la religion hindoue puisse avoir un espace-temps à La Réunion. En effet, tout le monde s’accorde à dire que La Réunion est une île multiculturelle, mais se pose alors la question de l’espace-temps qui est accordé à la religion hindoue. Car chaque cérémonie signifie du temps consacré par le pratiquant.
La semaine dernière, nous avons enregistré une grande avancée avec l’évêché. Lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur et des Cultes, il nous avait indiqué que les Hindous pourraient avoir droit à des jours fériés, à condition que le nombre total de jour férié soit le même.
Sur 11 jours fériés dans l’année, 6 correspondent à des fêtes de la religion catholique. Nous avons un accord pour que le Lundi de Pentecôte, le Lundi de Pâques et le Jeudi de l’Ascension soit mis dans un "pot commun" à toutes les religions. Cela fait donc trois jours fériés qui pourraient être répartis différemment. Pour notre part, nous revendiquons le Jour de l’An et le Dipavali. Ces deux fêtes deviendraient alors des jours fériés pour tous les Réunionnais.

Propos recueillis par M.M.

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