Claude Hoarau, maire de Saint-Louis

L’Afrique du Sud : un champ d’investigation considérable pour les jeunes

23 mars 2009

Le maire de Saint-Louis s’est rendu récemment en Afrique du Sud. Cette visite a été l’occasion de resserrer des liens nés du temps de la lutte commune contre l’apartheid.

Claude Hoarau, quels sont les actions de solidarité menées par les Réunionnais du temps de l’apartheid qui vous reviennent immédiatement à l’esprit ?

— C’est tout d’abord la manifestation organisée à Gillot pour s’opposer au débarquement de touristes blancs invités à La Réunion par des complices de l’apartheid. La communauté internationale avait décidé le boycott du régime de l’apartheid. Mais il se trouvait à La Réunion des personnes pour qui le business était plus important que tout. Par exemple, Jean-Paul Virapoullé avait loué un immeuble lui appartenant au gouvernement sud-africain de l’époque pour y installer un consulat.
Face à l’apartheid, les Réunionnais ont su exprimer une solidarité politique de masse. Ces initiatives étaient prises plutôt par l’UFR, mais le Parti communiste réunionnais soutenait massivement les manifestations des démocrates réunionnais solidaires de la lutte du peuple sud-africain pour sa liberté.
Cette solidarité avait un aspect culturel. De nombreuses chansons ont été écrites à La Réunion en solidarité avec le combat contre l’apartheid : Danyèl Waro, et aussi Ravane avec "Africain mon frère". Nous avons pris l’engagement d’envoyer ce morceaux à nos amis sud-africains.

Dès la fin du régime de l’apartheid, les Sud-africains ont entrepris une démarche de réconciliation. Où en est-on ?

— J’ai constaté un effort réel pour atteindre cet objectif. J’ai vu des dialogues entre noirs et blancs. Il y a aussi une bourgeoisie noire en train de grandir, mais l’impression qu’il y a des dizaines de millions de laissés pour compte. C’est ce que rappelle Mandla Mandela, le petit-fils de Nelson Mandela, lorsqu’en séance du Conseil municipal de Umtata, il dit de manière ferme aux élus : vous avez oublié que ceux qui ont lutté ne sont pas seulement ceux qui dirigent.
Il y a eu une période où on avait oublié le combat, mais une voie nouvelle a été prise en Afrique du Sud, c’est que l’on sent avec le gouvernement intérimaire, une voie plus progressiste. On remarque aussi un changement dans les orientations du gouvernement face au SIDA, qui est maintenant vu comme un problème essentiel.

Les luttes communes nous permettent-elles d’envisager un partenariat "gagnant-gagnant" avec l’Afrique du Sud ?

— L’évolution de la politique étrangère de l’Afrique du Sud offre une opportunité fabuleuse. La France y jouera un rôle important, et nous devons avoir un rôle incontournable pour que la diplomatie française nous prenne en compte. L’ANC est réorientée vers une action plus progressiste, moins alignée sur les positions des USA. De plus, les Sud-africains sont très sensibles aux luttes que nous avons menées contre l’apartheid.
L’Afrique du Sud joue un rôle tellement important dans la région, et si la diplomatie sud-africaine est orientée dans un sens progressiste, alors peut permettre à toute cette région d’aller vers une position moderne et progressiste.
L’Afrique du Sud, c’est un champ d’investigation considérable pour les jeunes. Il y a certes la barrière de la langue, mais si chaque année, 50 à 100 classes de jeunes Réunionnais peuvent se rendre dans des familles sud-africaines cela peut changer. Lorsque des élèves partent en voyage linguistique, pourquoi ne vont-ils pas en Afrique du Sud plutôt qu’à des milliers de kilomètres ? Pourquoi ne pas choisir des partenariats avec des personnes qui vivent à côté ?

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