Bernadette Lavalette, de la DIECCTE

L’insertion des personnes handicapées est une démarche gagnante

17 novembre 2011, par Cinthia Fontaine

Bernadette Lavalette est inspectrice du travail au sein de la DIECCTE. Elle est chargée de l’insertion des personnes handicapées sur le territoire. Elle participait hier à la matinée d’information à destination des entreprises sur le thème de ’La politique d’emploi des personnes handicapées : mode d’emploi’ à la salle de conférence du Front de mer à Saint-Paul

En cette semaine de l’emploi, la DIECCTE propose cette matinée d’information sur l’emploi des personnes handicapées, pourquoi ?

- La semaine pour l’emploi s’y prête bien, on souhaite communiquer un peu toute l’année auprès des entreprises afin de les engager à réfléchir à l’insertion des personnes handicapées. La semaine de l’emploi est une opportunité de se pencher sur la question. En partenariat avec l’AGEFIPH, le FIPHFP, le Pôle Emploi, Cap emploi et la Ville de Saint-Paul qui nous accueille, cette matinée est vraiment l’occasion de rassembler les entreprises, les employeurs publics et privés sur ce sujet. Faire de la sensibilisation en fin d’année permettra peut-être de créer des postes. En fin d’année, on se remet souvent en question, et c’est peut-être le moment de projeter d’engager une personne handicapée dès l’année prochaine, sur un poste qui se libère ou qui est créé.

Quel est l’état de l’emploi des personnes handicapées à La Réunion ?

- Il pourrait être meilleur, mais il n’est plus mauvais qu’ailleurs. Il y avait un retard pris dans l’île, mais il est en train d’être rattrapé. Il dépendait beaucoup du manque de scolarisation des jeunes handicapés. On a donc une population, qui a aujourd’hui plus de quarante ans, qui a été peu scolarisée et peu formée. Il en résulte des parcours chaotiques avec des emplois précaires et de longues périodes de chômage. Aujourd’hui, grâce à la scolarisation des enfants porteurs de handicaps avec un effort important de rattrapage de la part du rectorat et un travail de formation dès la sortie du système scolaire, on rencontre de plus en plus de jeunes handicapés qui sortent avec des qualifications. Ces jeunes-là, ne doivent pas rester sur le carreau. Ce n’est pas envisageable. Il est donc important de faire un effort pour les insérer. On constate d’ailleurs une régression du nombre d’handicapés inscrits à Pôle Emploi ou Cap emploi, alors que les chiffres du chômage augmentent. Ces résultats sont dus à un recrutement amélioré des personnes handicapées. On constate que le nombre d’entreprises* qui ont l’obligation d’employer un handicapé et qui ne le fait pas et préfère payer la taxe diminue notablement, près de 30% en 1 an et demi, ce qui n’est pas mal.

Quels sont les conseils que vous donneriez à une entreprise qui hésiterait à embaucher une personne handicapée ?

- Il faut qu’elle soit rassurée, même si c’est une obligation, c’est une démarche normale de recrutement, comme pour tout emploi. Il ne faut pas se focaliser sur le handicap. Il y a beaucoup de personne qui ont des handicaps invisibles, qui sont adaptées et formées et qui peuvent tout à fait intégrer un emploi. La plupart des personnes handicapées embauchées ne nécessitent pas d’adaptation aux postes. Il est important de le savoir. Ils peuvent nécessiter une formation, mais comme tout autre public qui a besoin de connaître son poste de travail et de se tenir à jour. La diversité des métiers et des techniques nécessitent souvent un temps d’adaptation que ce soit pour les handicapés ou les autres demandeurs d’emploi. Il faut que l’employeur se positionne exactement comme pour un autre recrutement. Lorsque le handicap est visible ou lorsqu’il nécessite une compensation, il faut faire un travail au sein de l’entreprise et de ses collaborateurs afin qu’il n’y ait pas de discrimination. Il faut préparer le collectif, l’encadrement et l’accueil de ses personnes y compris éventuellement en réorganisant le process de travail, en réfléchissant avec le médecin du travail, les élus du personnel et le comité d’hygiène et de sécurité à l’insertion de ces personnes dans l’entreprise. C’est une démarche sociale, donc une démarche gagnante.

Propos recueillis par CF

* Entreprise de + de 20 salariés.

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