Stéphane Singa, représentant de la Région Réunion au Congrès mondial du Vélo

« La cause du vélo avance partout dans le monde »

10 juin 2009

Cadre dans les services Culture et Sport du Conseil régional, Stéphane Singa a représenté la collectivité réunionnaise à Vélo City, le Congrès mondial du Vélo qui s’est déroulé du 12 au 15 mai dernier à Bruxelles, capitale de la Belgique et siège de la Commission européenne. ’Témoignages’ lui a posé trois questions.

Stéphane Singa, quels enseignements tirez-vous de Vélo City 2009 ?

- Ce congrès fut l’occasion de rencontres et de conférences impressionnantes sur ce qui se réalise en matière de promotion des déplacements à vélo dans tous les pays. On constate que la cause du vélo avance partout dans le monde.
En effet, la cause est entendue : la place de l’automobile en ville connaît aujourd’hui ses limites. De nombreux pays se sont ralliés à cette cause et tentent de trouver les solutions. Les organisateurs de Vélo City en sont à leur troisième édition et les exemples de réussites ne manquent pas ? Et ils ne sont pas forcément onéreux.
Parmi les solutions les moins coûteuses, figurent celles que l’on qualifie de système de « multi modalité », qui met en avant un réseau de déplacement partagé, comme les couloirs de bus associés à une voie pour les vélos.
De la même manière, lorsqu’une rue dispose de deux voies de stationnement situées de part et d’autre de la rue concernée, il est possible de « réserver » une voie de passage pour les vélos. Il ne s’agit pas de le faire sur toutes les rues d’une ville, mais de réserver certaines artères.
Comme chacun le sait, les avantages que l’on peut en retirer sont nombreux :

- sur la santé, à travers une activité physique régulière qui participe à la lutte contre la sédentarité, l’obésité et les maladies cardiovasculaires ;

- sur la pollution, avec le dérèglement climatique, dont la cause est grandement due aux émanations de CO2 ;

- sur les surfaces occupées par les places de parking des voitures en ville, qui pourraient être dédiées à des aires de repos, des espaces de jeux pour les enfants, ou des espaces naturels tout simplement.

Ce qu’il est important de retenir de cette rencontre, c’est que, quel que soit le pays ou la ville concernés, il existera toujours une solution pour introduire ou réintroduire la place du vélo dans la ville. Des cabinets d’études spécialistes en la matière sont aujourd’hui mandatés par les grandes villes pour créer des voies autorisées aux cyclistes en ville.

Et chez nous comment cela se passe-t-il ?

- À La Réunion également on constate que les cyclistes revendiquent leur place dans le paysage réunionnais. Lorsque l’on voit le nombre impressionnant de cyclistes sur la route des Tamarins, qualifiée à juste de titre de plus belle piste cyclable du monde, on ne peut que constater l’attrait des Réunionnais pour le vélo. Il faut savoir que l’on ne vend pas moins de 50.000 vélos par an à la Réunion.
Je pense que de nombreuses municipalités pourraient saisir l’opportunité de libérer les espaces urbains réservés à la voiture pour offrir à leurs citoyens des espaces d’évolution réservés aux vélos et aux piétons.
Cette tendance se vérifie déjà au niveau international ; les villes sont à la recherche d’espaces libres et de convivialité, ce qui offre un cadre de vie agréable et sain aux habitants.

Quels sont les obstacles à surmonter pour accélérer chez les citoyens l’utilisation du vélo pour se déplacer chaque fois que cela est possible ?

- L’utilisation la plus fréquente qui pourrait être envisagée serait celle qui permettrait aux gens de se rendre sur leur lieu de travail tous les jours. En effet, on constate qu’en moyenne la majorité des gens travaillent sur un site qui se trouve dans un rayon situé entre 3 et 7 km de leur domicile. Le problème est qu’une fois que les gens ont pédalé pour arriver sur leur lieu de travail, ils ne disposent pas toujours de douche et de vestiaire pour se changer. Cette simple commodité devrait à mon sens, dans un premier temps, accroître le nombre de cyclistes.
De la même manière, on sait que les routes réunionnaises sont vallonnées et peuvent être assez « physiques ». Les vélos à assistance électrique offrent à ce titre une alternative intéressante. En effet, l’investissement de départ peut être amorti facilement par des organismes bancaires qui offriraient des crédits à la consommation au même titre que cela se fait déjà lorsqu’on achète une voiture.
En outre, il faut que ce type de démarche soit accompagné d’une communication dynamique qui puisse susciter chez les gens l’envie de pratiquer le vélo. Mais il faut surtout que les gens prennent conscience que chaque individu doit faire appel à son sens citoyen le plus fort intérieurement pour ne plus être spectateur des dégâts collatéraux de notre société de consommation et devenir acteur de son engagement pour sa santé, son environnement et, par extension, sa planète.

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