Maryse Dasche, présidente du Comité des chômeurs et des mal-logés du Port

« La misère progresse à grands pas »

22 novembre 2008

Présidente du Comité des chômeurs et des mal-logés du Port, Maryse Dasche milite de longue date en faveur de la cause des plus démunis et des victimes de toutes les exclusions. Elle s’exprime sur deux faits d’actualités : la prime de Noël versée aux allocataires du RMI et la Marche blanche organisée aujourd’hui à Saint-Denis.

Maryse Dasche, avez-vous constaté une aggravation de la situation cette année ?

- De plus en plus de personnes viennent nous voir, et ce ne sont pas uniquement des érémistes. La situation de beaucoup se fragilise. Quand on tire sur le loyer, l’eau, l’électricité, il ne reste plus grand-chose pour s’alimenter. En un an et demi, le nombre de personnes qui vient manger tous les midis au siège du Comité a augmenté de 92%, passant de 30 à 57 personnes.
Des personnes avouent ne plus manger qu’une fois par jour. De plus en plus de personnes sollicitent des colis alimentaires, et cela concerne aussi des salariés pour qui les fins de mois sont difficiles.
Cette année, la prime de Noël a été revalorisée à 220 euros, c’est une bonne chose, mais c’est une somme modique. Car les allocataires du RMI sont des personnes comme les autres. Si elles sont invitées pour les Fêtes, il est normal qu’elles aient envie de ne pas venir les mains vides, ou d’être bien habillées. C’est une question de dignité, afin de paraître comme tout le monde pendant les Fêtes, car étant mal vêtues, elles peuvent ressentir un sentiment d’infériorité.
Cela veut dire que sur cette somme, les allocataires vont fixer des priorités.
J’estime que le montant de cette prime doit être à la hauteur du sens du mot "Noël", qui signifie fête et partage. Mais ce n’est pas le cas.

Quelle est la tendance pour l’an prochain ?

- Je ne suis pas optimiste. La misère progresse à grands pas. L’an prochain, cela ne va pas aller en s’améliorant. On voit un ralentissement de l’économie, des chantiers qui ferment, donc un aura une montée du chômage.
Dans le monde associatif, la situation va aussi se dégrader. Aujourd’hui, les emplois-aidés sont d’abord destinés au secteur marchand plutôt qu’aux associations.
Le monde associatif qui emploie beaucoup de monde a du souci à se faire. Il faut s’attendre au pire.

Tous les jours, des femmes sont victimes de violence. Que vous inspire la Marche blanche organisée cet après-midi à Saint-Denis ?

- J’invite tout le monde à y participer. Il y a beaucoup de violences au quotidien. Une partie seulement est dévoilée, et je pense que 70% des victimes se cachent par peur des représailles, par honte ou parce qu’elles sont culpabilisées.
Beaucoup reste à faire. Je regrette par exemple que les commissariats ne soient pas systématiquement équipés de lieu d’écoute pour accueillir les femmes victimes de violence. Lorsque l’on dépose une plainte, on est dans une pièce avec d’autres personnes, et on est obligé d’étaler sa vie privée devant ces inconnus, ce n’est pas facile de parler dans ces conditions.
Dans les commissariats, l’Etat doit mettre en place ces lieux d’écoute, avec des personnes formées.
Il faut aussi que les femmes ne se laissent pas faire. Mais je sais que c’est difficile. Prenons le cas d’une femme qui n’a pas d’emploi et dont le mari travaille. Pour le bien-être des enfants, elle va se sacrifier et endurer cette souffrance. Car en cas de départ du foyer, elle ne sait pas où aller avec ses enfants. Elle n’a pas de travail, et de ce fait, il lui est très difficile d’avoir accès à un logement. Ce qui fait que beaucoup de femmes sont obligées d’accepter cette violence au quotidien.
La tâche est donc immense, et il est essentiel de nous mobiliser tous ensemble afin de lutter contre les violences faites aux femmes.
Pour toutes ces raisons, j’appelle donc à participer massivement à la Marche blanche.

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