Michel Dijoux, président du Groupe Dijoux

La Réunion : « 100% des habitations en photovoltaïque ne doit plus être considéré comme une utopie »

5 février 2010

Quel est l’impact de la création d’un fonds de garantie permettant l’accès à un chauffe-eau solaire pour 10 euros par mois ? Et dans quelle mesure ce type d’initiative peut accélérer la marche vers l’autonomie énergétique ? Éclairage de Michel Dijoux, Président du Groupe Dijoux, un acteur de l’industrie réunionnaise des énergies renouvelables.

Selon les estimations, 100.000 chauffe-eau solaires sont déjà installés. Avez-vous identifié le nombre d’équipements qui pourra être posé dans les années à venir et une traduction en nombre d’emplois à créer dans ce seul secteur ?


- La combinaison de l’ensemble des solutions destinées à favoriser l’accompagnement de l’équipement de chauffe-eau solaires offre aujourd’hui la possibilité d’accès à une grande partie de la population du point de vue de la diversité des revenus des ménages réunionnais ; cependant, pour créer une véritable révolution, il faut :
1. d’une part, élargir le nombre, et donc, pour ce qui nous concerne, dans la question que vous soulevez, il est indispensable d’augmenter le niveau du fonds de garantie dédié à cet équipement.
2. d’autre part, se donner l’ambition encore plus grande, en dépassant les frontières des institutionnels qui sont dans ce tour de table, et dont la Région est le moteur, d’actionner de nouveaux leviers qui pourraient venir des institutions nationales, voire internationales, en articulant notre argumentaire autour du nécessaire objectif de l’équipent total qui, vous conviendrez, fera à l’évidence de La Réunion, sur ce point un territoire d’expérimentation, le vecteur étant ce mot.
3. et enfin, pour permettre un accès encore plus large à des niveaux de revenus encore plus bas ; il n’y pas de calcul à faire, la contribution de l’eau chaude dans le mix de la consommation énergétique du ménage réunionnais pèse 40 à 45% de l’énergie totale de celui-ci ; le rapport entre la consommation globale d’énergie des ménages et l’atténuation de cette consommation par un équipement systématique, accompagné pour ceux qui n’en ont pas les moyens, coûtera de toute façon moins cher que la consommation d’énergie fossile au sens macro-économique.

Avec la mise en œuvre du fonds de garantie, pensez-vous que, désormais, il est possible pour tous les Réunionnais d’avoir accès à un chauffe-eau solaire ?

- Comme je le disais plus haut, c’est un tournant qui offre de nouvelles possibilités, mais il faut aller encore plus loin, il nous appartient de penser à de nouveaux mécanismes, toute la population signifie pour moi que tous les plus défavorisés qui disposent d’un toit doivent être les premiers à être accompagnés, plus tard il sera trop tard, car dans dix ou quinze ans, le non équipement sera pénalisé, le coût énergétique global continuera à progresser plus vite que le taux d’équipement si on devait les corréler.

Pensez-vous qu’il soit possible à La Réunion de relever ce défi : un chauffe-eau solaire et une centrale photovoltaïque sur tous les immeubles d’habitation ? Quels pourraient être les moyens mis en œuvre pour que chaque Réunionnais puisse être producteur d’électricité ?


- De même que le Président de Région dans le cadre du PRERURE a fixé l’objectif de l’autonomie énergétique de La Réunion à 2025, de même que le Président de la République dans son intervention sur le projet GERRI a fixé cette autonomie à 2030, je pense que nous avons le devoir de nous fixer cet objectif que je devrais d’ailleurs à juste titre qualifier d’obligation. Pensez à la péréquation, pensez à l’augmentation du coût énergétique, à l’augmentation de la population…
L’équipement de 100% des habitations en photovoltaïque ne doit plus être considéré comme une utopie, il y a certes des barrières à lever, c’est notamment la capacité du réseau à pouvoir recevoir cette énergie n’importe où, n’importe quand et en n’importe quelle quantité ; ces barrières seront levées par l’évolution des technologies et par la recherche sur les systèmes et leur action sur les réseaux en milieux insulaires, mais aussi sur l’évolution de ces réseaux. Là encore, La Réunion a une belle carte à jouer, elle est le territoire naturel de cette expérimentation.
Le levier à ne pas négliger est l’approche culturelle et systémique de chacun d’entre nous dans le regard que nous portons sur l’énergie. Il faut, à mon sens, plus de communication sur les coûts de l’énergie, et sur le problème de notre dépendance énergétique, il faut penser plus largement économie d’énergie en même temps que énergie renouvelable.

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