Bernard Picardo, président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de La Réunion

La sortie de crise ne se fera qu’avec la reprise des chantiers programmés

11 février 2009, par Sophie Périabe

La Chambre de Métiers et de l’Artisanat de La Réunion met des mesures en place pour soutenir le secteur artisanal directement touché par la crise. Elle met en place un processus d’accompagnement des entrepreneurs et par la voix de son président leur assure sa présence à leurs cotés.

Quelles sont les mesures que la Chambre de Métiers a mises ou prévoit de mettre en place pour aider les artisans à faire face à la crise économique ?

- Afin d’aider les entreprises artisanales à faire face à la crise, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat a mis en place un dispositif d’accompagnement basé sur la proximité, accessible sur les différents sites de notre institution.
Les aides suivantes sont proposées à nos ressortissants sur les 4 zones où nous sommes présents :

- réalisation d’un auto diagnostic afin de déterminer le niveau de difficultés et permettre d’adapter les solutions à la situation personnelle du chef d’entreprise,

- mobilisation des agents économiques pour l’accueil, l’information, les conseils, l’orientation des chefs d’entreprise et le traitement des dossiers,

- aider les chefs d’entreprise, en fonction du besoin identifié dans leurs démarches de saisine du médiateur du crédit grâce aux relais de 4 agents désignés comme étant les Tiers de Confiance de la Médiation,

- assistance dans l’accès aux marchés publics.
D’autre part, nous mettons en place un dispositif de prévention et de consolidation des entreprises en renforçant les visites sur le terrain par tous les services opérationnels afin de relayer les informations aux chefs d’entreprise et par la même occasion recueillir leurs besoins afin d’adapter notre offre de services. De même, nous allons participer aux réunions d’information organisées par les organisations professionnelles et nous serons ainsi présents durant le mois de février aux quatre coins de l’île afin de rencontrer les entreprises en difficulté.

Vous avez rencontré des artisans lors de vos déplacements sur le terrain, quelles sont leurs inquiétudes ? Quelles difficultés rencontrent-ils ?

- Les difficultés rencontrées par nos ressortissants sont diverses. Certaines activités sont touchées de plein fouet par la baisse de la commande publique et la fin de nombreux chantiers, c’est le cas pour le Bâtiment avec une aggravation de la situation pour les terrassiers qui ont investi dans de gros matériels en faisant appel à la défiscalisation. Pour eux, la sortie de crise ne se fera qu’avec la reprise des chantiers programmés.
Pour les autres secteurs, c’est le ralentissement de l’économie mondiale, la morosité, la baisse du pouvoir d’achat qui influent directement dans leur activité. Ils subissent par ricochet les effets de la crise et doivent s’adapter pour la traverser sans trop de dégâts.
Ce qui revient souvent dans les problèmes rencontrés, c’est la relation avec le banquier. Ce dernier devient très frileux et nombre d’entreprises se sont vues purement et simplement retirer leur autorisation de découvert. Sans volant de trésorerie et face aux dettes fiscales et sociales qui s’accumulent, certains de nos ressortissants sont contraints de licencier ou de fermer leur entreprise.
Leur inquiétude est que cette situation perdure, mais nos artisans sont des gens capables de s’adapter, d’ailleurs, ils l’ont prouvé en traversant la crise liée au chikungunya en 2006.
Ils peuvent compter sur nous pour les aider à passer ce cap difficile.

Quel est votre sentiment sur les mesures gouvernementales qui prévoient, entre autres, un plan de soutien de 22 milliards d’euros pour assurer le financement des PME, est-ce suffisant ? Sinon, que préconisez-vous ?

- Le plan de soutien de 22 milliards d’euros pour assurer le financement des PME reste quand même tributaire du bon vouloir des banques à financer les entreprises, or, nous constatons sur le terrain qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir le soutien du banquier. Au contraire, les banques ont tendance à fermer le robinet et même à réduire les engagements de manière unilatérale. Il est indéniable que sans relance de la consommation, notamment avec l’appui des banques, les entreprises ne pourront pas s’en sortir.
Aussi, il me paraît important que les mesures arrêtées par le gouvernement soient mises à la portée des entreprises. M. Jégo a annoncé la mise en route de plus de 100 chantiers pour un coût avoisinant les 250 millions d’euros et l’accélération des commandes publiques. L’orientation de la défiscalisation vers le logement social et la cession par l’Etat des terrains dont il dispose pour la réalisation de chantiers sociaux peuvent à terme relancer l’économie locale.
Mais ce ne sera pas suffisant sans l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages et la relance de la consommation, car c’est tout le secteur artisanal qui est touché. Il devient primordial d’aider directement les entreprises comme cela avait été fait auparavant pour la crise du chikungunya.
Les mesures de chômage partiel, évitant les licenciements, me paraissent adaptées à la situation avec une prise charge par l’Etat à hauteur de 60% et non plus de 50%, nous sommes dans l’attente du décret pour diffuser l’information aux artisans.
Ces différentes mesures mises bout à bout peuvent effectivement atténuer les effets de la crise, à condition que cette crise ne dure pas dans le temps.

 Propos recueillis par Sophie Périabe 

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