Krishna Damour, collectif pour le Développement de la Micro-Région Sud

Le désenclavement du Sud : une des clés du progrès

19 février 2009

L’aggravation de la crise se fait encore plus durement ressentir dans le Sud, où le taux de chômage est de 48%. Face à cette situation, Krishna Damour évoque des propositions pour rééquilibrer le développement de La Réunion entre ses micro-régions. Il précise également tout ce que la route des Tamarins va apporter au Sud.

Dans la crise actuelle, le Sud reste plus touché ; Quelles mesures immédiates sont à préconiser pour rééquilibrer ?


- En effet, le Sud qui malgré ses atouts demeure fortement déséquilibré structurellement et en terme d’indicateurs sociaux. Et d’ici 2020, sa population atteindra 350.000 personnes, soit 37% des Réunionnais, c’est-à-dire 140.000 résidents de plus. Près de 90.000 logements devront être construits. La population active augmentera de près de 48.000 personnes, or, le taux de chômage est de 48%, 45% des érémistes vivent dans le Sud.
Face à ses données, la crise que nous traversons ne peut qu’accentuer les besoins des plus fragiles comme partout. Mais ces difficultés sont accentuées dans le Sud. Ainsi, des mesures immédiates d’ordre social, économique et structurel, pourraient être appliquées.

- Une baisse des prix sur les cent produits de première nécessité qui soulagerait le pouvoir d’achat des plus démunis et ceux de la classe moyenne.

- Une réorientation des fonds publics existants voués à l’emploi précaire vers la création de deux grands services publics qui sont l’environnement et l’aide à la personne. Cela est tout autant justifié dans le Sud puisque l’importance de son nombre d’habitants, de personnes âgées, de résidences…génère des besoins insatisfaits.
Une telle mesure aurait le mérite à la fois d’absorber le chômage important du Sud mais aussi de répondre aux besoins de services liés à la croissance démographique (filière de tri de déchet, aide aux personnes âgées, soutien scolaire…). Aussi, les grands espaces environnementaux nécessitent un entretien et un embellissement permanent en accord à une stratégie global touristique.

Comment le Sud peut s’inscrire dans le projet de développement de La Réunion ?


- De manière générale, nous disons qu’il ne peut y avoir de développement de La Réunion sans le développement du Sud, cet équilibre spatial peut être un effet de levier à l’essor général de La Réunion.
Mais face à une urgence sociale démontrée par les chiffres, force est de constater l’inertie des pouvoirs public à corriger le déséquilibre entre les micro-régions, car le Sud bénéficie seulement de 20% des investissements totaux (hors Route des Tamarins et déviation de la route de grand Bois) injectés sur l’ensemble de La Réunion.
Il est à préconiser un véritable équilibre entre les grandes espaces pour assurer une cohésion territoriale. Il ne s’agit pas de créer quatre micro-régions identiques mais de s’appuyer sur les spécificités territoriales. Dans ce but, je vous rappelle que le Collectif pour le développement de la micro-région Sud milite pour l’élaboration d’un plan de développement global et cohérent du Sud, n’excluant aucune commune, et qui pourrait servir de base à un unique regroupement intercommunal.
Nous devons organiser un programme d’habitat dans un ensemble liant les moyens de déplacements aux fonctions sociales, culturelles et économiques dans l’objectif d’accueillir l’essor démographique. L’arrivée du Tram-train et le maillage des réseaux de transports publics seront un levier de cette politique.

Comment la route des Tamarins peut aider le Sud à se développer ?


- La livraison de la route des Tamarins contribuera fortement à l’accélération d’une redistribution de forces économiques et à un redéploiement des instances administratives vers l’axe Ouest Sud/Sud-Ouest.
De nouveaux pôles d’attractivité se révèleront dans le Sud tels que la Zone Pierrefonds et son aéroport. La route des Tamarins génèrera un nouveau dynamisme économique des zones concernées. Elle contribuera à rompre le regard exclusif tourné vers la capitale au profit d’un regard de l’Ouest réorienté vers le Sud et vice-versa dans une logique globale de complémentarité économique.
Mais la route des Tamarins selon le tracé actuel n’est pas une fin. Elle doit être poursuivie dans le cadre des grands travaux qui permettront de structurer La Réunion et de créer des emplois.
L’ouvrage de la route des Tamarins doit se poursuivre par son prolongement jusqu’aux Lianes de Saint-Joseph empruntant ainsi le tracé de la route Hubert Delisle, cette voie se situant en hauteur qui commence à Saint-Paul et se terminant aux lianes de Saint-Joseph.
La réfection de cette route entraînerait un désenclavement des bourgs des hauts tout en faisant désenclavant des micros zone économique liés au service de proximité et au tourisme des Hauts.
Tout cela pour dire que l’irrigation routière et de manière générale la politique de transport influe sur le dynamisme d’une région et des microrégions, une politique de transport doit à la fois répondre et conduire l’aménagement d’un territoire.
Cette stratégie de transport doit s’inscrire en phase à la stratégie globale de développement de La Réunion et plus particulièrement à celui du Sud.
Car, l’économie d’une Région, son agriculture, le développement des services ne sont-ils pas dynamisés par ses voies d’accès contribuant ainsi à leur essor ?

Route des Tamarins

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus