Claude Boisseau, président de la Fédération nationale de l’Epicerie

Le petit commerce : « un rôle énorme auprès de la population en difficulté »

10 décembre 2008, par Manuel Marchal

Lundi se tenait à la Chambre de Commerce et d’Industrie les Rencontres du commerce, placées sous le thème ’Quel avenir pour le petit commerce alimentaire’. Claude Boisseau, président de la Fédération nationale de l’Epicerie (FNE), est intervenu sur la question de la mutation dans la distribution alimentaire et l’avenir de l’épicerie au plan national. Pour ’Témoignages’, il apporte un éclairage sur les spécificités du petit commerce à La Réunion.

Claude Boisseau, que pensez-vous des propositions visant à étendre les horaires d’ouverture des grandes surfaces le dimanche ?

- Pour le moment, la loi autorise l’ouverture des grandes surfaces de commerce alimentaire jusqu’à 12 heures. Le problème posé est d’autoriser une ouverture toute la journée. Nous constatons que les représentants des salariés sont contre cette mesure. Nous le sommes également. En effet, le fait de généraliser l’ouverture le dimanche ne va pas augmenter le volume dépensé par les consommateurs. Ce qui veut dire que ce que la grande distribution va gagner sera pris sur le petit commerce. Cela va donc fragiliser ce secteur, et en tant que représentants du petit commerce, nous sommes tout à fait contre l’ouverture des grandes surfaces de vente alimentaire toute la journée du dimanche.

Dans une île comme La Réunion, quelles sont d’après vous les spécificités du petit commerce ? Son poids et son rôle social sont-ils plus ou moins importants qu’en Métropole ?

- Nous sommes très impressionnés par le rôle social du petit commerce alimentaire à La Réunion. C’est un peu différent de la Métropole. Ce commerce de proximité est très important dans l’île. Il joue un rôle énorme auprès de la population en difficulté grâce à la pratique de la vente sur carnet. Il remplit également un rôle de proximité, en aidant des clients à remplir des papiers. Le commerçant intervient également pour désamorcer des conflits. Car dans les quartiers, l’épicerie, la boutique, c’est un véritable lieu de vie et d’information pour la population.

Quelles sont, au sein de la FNE, les revendications propres au petit commerce de l’Outre-mer qui peuvent être mises en avant ?

- Nous sommes venus en novembre 2007 à La Réunion. Nous avons rencontré des commerçants. C’est à ce moment qu’a été créé le SYRCAP.

Pour notre part, à la FNE, nous essayons d’intervenir pour qu’à chaque arrêté préfectoral, à chaque projet de loi, les représentants des petits commerçants soient consultés.
Par exemple, il n’est pas normal que lorsqu’un arrêté préfectoral interdit la vente d’alcool après 19 heures dans les petits commerces, seuls les représentants du secteur de la restauration soient consultés. Le SYRCAP doit l’être également.

Nous luttons également pour donner les moyens aux épiciers de ne plus subir l’approvisionnement, mais qu’ils soient un acteur de la chaîne d’approvisionnement.

Nous intervenons également pour minimiser les entraves à l’activité du petit commerce. Par exemple le tabac. Nous sommes tout à fait conscients des enjeux de santé publique qui concernent ce produit, mais nous constatons que le dispositif dérogatoire en place à La Réunion est de plus en plus menacé. Or, le tabac est un produit qui fait venir tous les jours le consommateur dans la boutique.

Nous sommes également d’accord sur le fait qu’il y a un problème d’alcoolémie à La Réunion. Mais nous pensons que 19 heures est un peu tôt comme heure limite pour les petits commerces, alors que la grande distribution peut vendre de l’alcool sans problème jusqu’à 21 heures. Pour nous, 20 heures serait un bon compromis.

Propos recueillis par M.M.

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