Vie chère

Michèle : « Déjà en 2000, les prix étaient élevés »

20 février 2009, par Jean Fabrice Nativel

« Oh ! je peux donner juste un témoignage de vécu et peut-être de bon sens. Déjà en 2000, dans tous les domaines à La Réunion, les prix étaient très élevés. Je les ai trouvés de 25 à 35% environ plus chers que dans les grandes surfaces de France ou une ville moyenne, par contre, à la même hauteur que ceux des stations de ski », s’exclame Michèle.

« Quand j’étais femme de ménage en équipe à Tignes par exemple, nous travaillions très dur en heures et en conditions. Nous n’arrivions à tout payer qu’en nous nourrissant avec des boites de conserves tant les prix étaient plus chers de 35% à 40% qu’en bas dans les vallées, à cause des transports coûteux mais aussi de prédateurs économiques et identitaires. Avec le passage à l’euro, on dirait que les prix ont été grossis à La Réunion, comme ailleurs. La juste, mais tardive remontée du salaire minimum au taux de la métropole n’a pas tout arrangé. D’autant plus que la publicité bombarde partout le Réunionnais (comme tout habitant) ; je n’avais jamais vu autant de grands panneaux dans les villes notamment. Et nous sommes passés à la vitesse grand V d’une société plutôt rurale ou semi citadine avec les potagers, les poulaillers, à une société de consommation, puis de surconsommation provoquée, où beaucoup croient nécessaire d’avoir le dernier produit mis sur le marché (portable, télévision, habit, voiture, boisson…) pour être heureux comme de manger-vivre sophistiqué et de s’endetter. Ce qui me dérange le plus, ici comme ailleurs, et me motive dans mon quotidien à agir pour que les choses s’améliorent, et vite, c’est la disparité énorme des revenus. Bien sûr, déjà, selon la situation, avec ou sans travail, si on vit seul ou pas, si on est retraité ou pas... Mais la plus flagrante des disparités, elle est dans les revenus : le salaire, la surrémunération qui peut atteindre des taux astronomiques, les avantages directs et indirects, les surindemnités de certains élus, la possibilité de ne pas payer d’impôts avec l’achat de biens défiscalisés, les gains sans travailler, ceux des spéculations… Malgré des exonérations de charges sociales spéciales aux DOM, nous arrivons à une échelle de revenus (des plus bas au plus hauts) indécente ! C’est aussi cela qui choque nombre de femmes et d’hommes réunionnais aux revenus modestes ou dits moyens, ceux non natifs qui partagent des conditions de vie simples et laborieuses, ou ceux qui, aisés, veulent réguler un écart injuste et amoral. Alors, une proposition ? Que tous les concernés puissent se retrouver autour de la table des réflexions-négociations-solutions : les associations de parents d’élèves, de consommateurs, de familles et autres mobilisées pour La Réunion, le respect, la paix sociale juste…, le collectif, les économistes, les représentants des chefs d’entreprises, des collectivités, de l’État, des groupes interreligieux, interphilosophiques, les politiques, les sages… ».

Jean-Fabrice Nativel

Lutter contre la vie chère

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