Bernard Maratcha, chef d’entreprise agricole

Ne pas descendre en dessous de 150 tonnes de cannes par hectare

24 août 2009, par Manuel Marchal

Bernard Maratcha dirige une entreprise agricole à Saint-Pierre. Sur 6 hectares, il plante de la canne. Il a augmenté les rendements de 50% pour atteindre 150 tonnes par hectare. Sans ce gain considérable de productivité, il lui serait bien difficile de continuer à poursuivre son activité.

Quel est votre parcours en tant que chef d’exploitation ?

- J’ai réussi l’examen du BPA à l’APR, et depuis 1986, je dirige une exploitation de 6 hectares en zone irriguée. Depuis 1986, les coûts des intrants et de la main d’œuvre ont beaucoup augmenté. Par exemple, un coupeur était payé 40 francs la tonne, aujourd’hui c’est 12 euros.
L’eau est au même prix que depuis 1998, et elle va augmenter d’environ 20 euros par hectare et par an cette année.
Quand j’ai commencé, le rendement était compris entre 90 et 100 tonnes de cannes par hectare. Il est aujourd’hui de 150 tonnes par hectares.
C’est parce que le terrain est mieux travaillé, il n’y a plus d’andain, et nous utilisons de nouvelles variétés de cannes. Et avec une toute nouvelle variété, sur 5.000 mètres carrés, nous avons 120 tonnes. On peut donc aller sur 180 tonnes de cannes à l’hectare.
Mais en dessous de 150 tonnes par hectare, il serait difficile de s’en sortir.

Conseilleriez-vous à un jeune de s’installer sur 6 hectares en zone irriguée ?

- C’est très difficile aujourd’hui. Quand je me suis installé, mon père m’a donné son tracteur et la famille m’a aidé à faire fonctionner l’exploitation.
Sans l’aide des parents, 6 hectares pour un jeune ce n’est pas possible.
D’ailleurs aujourd’hui, pour démarrer dans de bonnes conditions, un jeune peut se lancer s’il a un terrain de 10 hectares.

Face à la hausse des charges, que pouvez-vous faire ?

- Je suis en train de mécaniser la coupe. Avec le transport jusqu’à la plate-forme, le prix de revient d’une tonne de cannes en coupe mécanique est pour moi de 13 euros. Avec la coupe manuelle, c’est 12 euros pour la coupe et 8,5 euros pour le transport jusqu’à la plate-forme, soit 20,5 euros. L’aide au transport s’élève quant à elle à 2,80 euros la tonne.
La coupe mécanique fait aussi perdre 15% en tonnage, et 1 point en richesse, mais c’est moins cher que la coupe manuelle.
Quand j’ai commencé, il y avait davantage de plate-forme pour livrer. Balance Coco et Pierrefonds sont fermés, et l’espace de stockage des cannes au Gol s’est réduit. À cause de cela, quand un planteur livre au Gol, il peut perdre entre 1h30 et 2 heures, c’est une perte de temps et d’argent.

Que représente la revalorisation de la prime bagasse ?

- Pour un planteur qui livre 700 tonnes par an, l’augmentation de la bagasse lui fait presque gagner un SMIC de plus par mois. C’est important pour nous car les charges ont augmenté de manière très importante ces dernières années, et nous sommes obligés d’obtenir des gains importants de productivité pour nous en sortir.

Propos recueillis par M.M.

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