Emmanuel Lemagnen, conseiller régional

« Ne pas rater la reprise »

4 février 2010, par Manuel Marchal

Lundi matin, une délégation de terrassier a été reçue à la Région. Après avoir entendu les terrassiers, Raymond Lauret et Emmanuel Lemagnen ont expliqué la stratégie mise en œuvre par la collectivité pour atténuer les effets de la crise sur le monde économique, et en particulier les petites entreprises du BTP. Raymond Lauret a décrit notamment les procédures d’allotissement (’Témoignages’ du 2 février). Puis Emmanuel Lemagnen a rappelé les limites d’intervention de la Région, et a évoqué quatre propositions pour anticiper sur la reprise d’activité.

Quelle a été l’objectif de votre intervention lors de la rencontre avec les terrassiers ?

— C’est un appel à ne pas rater la reprise qui surviendra après la crise. Aujourd’hui, nous avons les deux pieds qui touchent le fond, avec une chute de 30% des ventes de ciments et d’agrégats par rapport au niveau habituel, et un rythme mensuel de suppressions d’emplois dans le bâtiment très élevé.
Mais il est important d’anticiper sur le frémissement de la reprise, et donc de préparer la rentrée économique avec par exemple le début du chantier du tram-train et le retour de la confiance qui permettra de relancer l’investissement.

Quelles peuvent être les mesures qui peuvent éviter un nouveau trou d’air ?

— Cela concerne notamment les professionnels pour qui nous faisons deux propositions. La première consiste à la communication de prix planchers, et la seconde est relative à la sous-traitance.
Nombreux d’entre eux cassent les prix pour obtenir un marché et ils peuvent travailler à perte. Pour éviter cela, nous les invitons à se regrouper et à nous fournir des prix planchers pour leur coût de production par exemple. Cela sécurisera l’entreprise et aidera les donneurs d’ordre à se prononcer sur les réponses aux appels d’offres.
Nous proposons également d’aller d’une charte de bonne conduite à un Code de la sous-traitance, avec des engagements chiffrés. La situation est aujourd’hui très dangereuse puisque des entreprises cassent les prix pour emporter des marchés, et sous-traitent à des TPE qui sont dans l’obligation d’être prêtes à tout pour travailler. Résultat, le sous-traitant travaille avant tout pour faire tourner son matériel.

Qui est concerné par les autres propositions ?

— Nous proposons aux collectivités, à l’État et aux entreprises para-publiques de s’entendre sur une planification des grands chantiers. Cela pourrait par exemple consister à lisser les constructions de collèges et de lycées afin que le secteur du BTP ne passe plus par des périodes de surchauffe suivies d’un trou d’air.
Nous devons tout faire pour éviter que pareille crise se reproduise, et c’est donc pour cela que nous proposons la construction d’un calendrier partagé qui puisse maintenir une activité homogène et permanente.
Enfin, la dernière proposition concerne ceux qui s’interposent parfois avec un zèle anormal dans la réalisation des chantiers. Par exemple, pour la route du littoral, une personne d’un service nous demande de réaliser une étude préalable au chantier sur l’impact du changement du régime des embruns qui concernera le pied de la falaise lorsque la future route sera livrée. Une telle étude peut repousser de plusieurs mois le début du chantier. Pour cette raison, j’ai proposé aux terrassiers que lorsqu’une telle demande survient, les noms de son auteur et du service dans lequel il travaille soient rendus publics afin que chacun puisse identifier les responsabilités de chacun dans le retard pris par un chantier. De plus, ce sont souvent des personnes qui, lorsqu’elles quittent La Réunion, sont fières d’inscrire sur leur carte de visite leur contribution à la réalisation d’un grand chantier réunionnais.

Propos recueillis par Manuel Marchal

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