Raoul Ouedraogo, chercheur en sociologie, Université de Genève

Nourrir 9 milliards de personnes : c’est possible dès maintenant

29 juillet 2009

Raoul Ouedraogo est un des conférenciers de l’édition 2009 de Flore et Halle. Cet après-midi à 15 heures, ce chercheur burkinabé qui travaille avec Jean Ziegler animera aux côtés de Cheikh Mamadou Cissoko une conférence sur le thème : ’La sécurité alimentaire dans le monde. Questions globales, enjeux politiques et sociaux’, et vendredi à 15 heures, il présentera ’l’effet Ebner’, un nouveau modèle de diffusion des semences, avec Daniel Ebner, inventeur de ce nouveau mode de diffusion d’un savoir-faire.

Parmi les causes des émeutes de la faim de l’an dernier figurent l’évolution des comportements alimentaires et le développement des agro-carburants. De telles émeutes peuvent-elles se reproduire ?

- Nous sommes dans l’impasse. Pour produire 1 kg de viande, il faut 5 kg de céréales, et pour un litre de carburants, il faut 7 kg de céréales. C’est donc un rapport de un à sept.
Je ne pense pas que la menace immédiate soit dans le changement des habitudes alimentaires. Les pays d’Asie les plus peuplés comme la Chine et l’Inde ne vont pas se nourrir comme des Occidentaux du jour au lendemain. Ils ont des traditions culinaires et je pense que les Chinois souhaitent garder leurs recettes.
Le problème vient avant tout de la croissance de la demande en carburants. Pour faire face à l’occupation de terres cultivables uniquement pour planter du carburant, il existe le jatropha qui peut être cultivé sur des sols impropres à l’agriculture, c’est une des rares cultures qui n’assassinent pas l’alimentation. Mais on observe aussi la plantation de jatropha sur des terres cultivables pour améliorer son rendement. Néanmoins, en Afrique de l’Ouest, entre deux rangs de jatropha, les agriculteurs plantent des cultures alimentaires.

En 2050, les projections démographiques font état d’une population mondiale égale à 9 milliards d’habitants. L’agriculture sera-t-elle capable de nourrir le monde ?

- Actuellement, nous pouvons nourrir 9 milliards de personnes. Nous avons toutes les techniques nécessaires, toutes les solutions sont déjà là. Mais le problème vient de la distribution. Si la méthode de distribution ne change pas, même si nous sommes capables de produire pour 20 milliards d’habitants, il y aura toujours des personnes qui mourront de faim.
Changer la méthode de distribution, c’est par exemple que l’on puisse décréter au niveau de l’ONU qu’il y a des domaines dans lesquels on ne peut pas spéculer, et que l’alimentation en fait partie.

Qu’est-ce que "l’effet Ebner" ?

- C’est une alternative aux OGM. Les OGM ne sont pas reproductibles, ils rendent les agriculteurs dépendant d’un fournisseur. Ils sont donc obligés d’acheter des semences.
"L’effet Ebner", c’est l’adoption d’un nouveau mode de diffusion des semences de type "open source". Avec "l’effet Ebner", il pourrait être possible de s’affranchir quasiment des fournisseurs de ressources. Il s’agit en effet de mettre fin à la rétention des richesses par un certain nombre de personnes.

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Messages

  • N’attendons pas la mort. Si c’est possible dès maintenant, faisons-le, ou alors, disons-le, crions-le plus fort. Car jusqu’à maintenant l’argent n’est pas consommable.
    Sans nourriture plus de vie. Ne pas s’occuper d’elle et la répartir deviendra qui sait un acte criminel.
    Avez-vous déjà vu mourir de faim un enfant ? Non, seulement je ne vous souhaite pas de le vivre, mais il nous faudra aussi changer notre manière tant de nous nourrir que de produire cette nourriture de façon planétaire.
    Enfin, vu le peu de commentaire, face à un sujet de 1ère importance, je ne sais si le mien peut apporter quelque chose, je dis à tous qui ne pensent pas qu’à eux : bon courage.


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