Carole Lacouture, assistante d’éducation à Saint-Denis

« On n’en a rien à faire de notre corps de métier »

26 août 2009, par Edith Poulbassia

Comme les 347 autres assistants d’éducation, Carole Lacouture devrait voir son contrat de travail se terminer le 31 août. Elle était présente à la table ronde organisée vendredi dernier à l’initiative d’Agir Pou Nout Tout et se dit déçue par l’indifférence des services de l’Etat.

Depuis quand êtes-vous assistante d’éducation et en quoi consiste votre travail ?

- Je suis assistante d’éducation depuis le mois d’avril 2004. J’étais alors “emploi jeune” depuis avril 1999. Pendant toutes ces années, j’ai exercé les fonctions d’aide éducateur dans la même école à Saint-Denis. Mon activité principale consiste à faire de l’animation et de l’initiation en informatique mais aussi à prendre en charge des groupes de lecture pendant que l’institutrice s’occupe des élèves en difficulté. Il m’est arrivé d’accompagner les élèves en sortie scolaire, de participer au cours de sport, de gym. Mon contrat se termine le 31 août alors qu’il me manque encore 6 mois pour totaliser 6 ans.

Qu’avez-vous pensé de la table ronde organisée vendredi dernier ?

- On s’est senti comme la dernière roue du carrosse. Et encore, la dernière roue du carrosse est parfois utile. J’ai vraiment l’impression qu’on n’en a rien à faire de notre corps de métier. Tout le monde dit se sentir concerné, mais de loin.
On l’a bien vu avec le peu de personnalités présentes. Ceux qui nous intéressaient le plus, les représentants de l’Etat, n’étaient pas là. Le préfet avait pourtant déclaré à la télé que cela ne lui posait pas de problème de se mettre autour d’une table et de discuter. Mais il n’a même pas eu la politesse de répondre à notre invitation ou d’envoyer un représentant. Il n’y a que des paroles, la réalité du terrain est autre.

Comment envisagez-vous votre avenir ?

- Je vais prendre mes affaires et partir, et petit à petit, je vais essayer de continuer mon chemin en acquérant d’autres expériences. Mais sur le plan professionnel, je me retrouve dans la situation d’un bachelier, avec 10 ans de plus. En sachant que j’ai une responsabilité envers ma famille, je vais essayer de survivre et espérer que cette situation ne durera pas des années.

Et les concours, vous y avez pensé ?

- L’année dernière, j’ai obtenu une place à l’IUFM pour préparer un CAPLP. J’ai eu le temps de payer l’inscription. J’ai demandé à mon employeur deux demi-journées pour pouvoir assister aux cours. L’employeur m’a retourné un refus catégorique, sans aucune démarche de négociation. On n’aurait pu trouver une solution pour combler les horaires pendant la semaine à l’école.
A chaque fois, on a dû se débrouiller pour suivre des formations et les financer. Aujourd’hui, on se retrouve sans rien.

Propos recueillis par Edith Poulbassia

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