Joël Melchior, président de la CAPEB

Pour sauver les petites entreprises de l’agonie, geler ou étaler les dettes

6 février 2009

Relancer la commande publique ? D’accord, répond Joël Melchior, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment. Mais encore faut-il que les entreprises puissent y prétendre au plus vite. Or, « les petites entreprises tombent une à une comme des mouches » aujourd’hui, sous le poids des dettes.

Lors de votre dernière conférence de presse, vous avez évoqué l’agonie des petites entreprises : « 95% des entreprises du BTP menacées, soit 3.300 sur 3.500 ». Quelles en sont les causes ?

- Le gros problème, c’est qu’il n’y a pas assez de travail en ce moment pour les petites entreprises. Parce que la commande publique est freinée et parce qu’une certaine frilosité s’est installée. Les gens remettent leurs travaux à plus tard, dans l’expectative. Mais surtout, les petites entreprises sont endettées. Elles n’arrivent plus à faire face au règlement des charges sociales et patronales. Avec la baisse de l’activité, il n’y a plus de rentrée d’argent, donc plus de fonds de roulement pour payer les charges.

La CAPEB est-elle satisfaite du plan de relance annoncé par Yves Jégo vendredi dernier à la CCIR ?

- Nous avons été reçus par le directeur de cabinet du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer. Nous avons proposé le gel ou l’étalement des dettes sociales et fiscales. La proposition n’a pas été acceptée.
Nous sommes absolument d’accord, il faut renforcer la commande publique. Mais même si la commande publique redémarre, nous ne pourrons pas y répondre. Yves Jégo a fait preuve de bonnes intentions. Mais le gros souci, c’est que ce ne sont que de bonnes intentions. Les mesures annoncées seront effectives dans six mois peut-être. Mais les petites entreprises ont besoin d’une bouffée d’oxygène aujourd’hui. Sinon, nous sommes perdus.
Je rencontre des chefs d’entreprise désœuvrés chaque jour. Je peux citer l’exemple d’un artisan de Saint-Pierre qui a créé son activité il y a 30 ans. J’ai visité son atelier de menuiserie. Un atelier propre depuis 3 mois. L’artisan n’a plus de travail et se retrouve avec 8 salariés.

Vous avez également évoqué l’émergence de petites structures syndicales dans le contexte actuel. Une mauvaise chose selon vous. Pourquoi ?

- Tout le monde est aux abois aujourd’hui. L’émergence de groupuscules est le résultat d’un manque de confiance. Quand, en tant que syndicat, nous annonçons qu’aucune solution n’a été trouvée pour les dettes, chacun en profite pour montrer qu’il a la science infuse, et propose sa solution. Or, aujourd’hui, nous devons nous regrouper, se mettre autour d’une table et revendiquer dans le même sens. La CAPEB a déjà pris son bâton de pèlerin. Elle organise des réunions de section dans les quatre coins de l’île pour inciter à structurer les entreprises.

EP

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