Jean-Yves Minatchy, président de la Chambre d’Agriculture

Pourquoi le prix de l’engrais ne baisse-t-il pas ?

24 février 2009, par Manuel Marchal

Après le discours du chef de l’État, Jean-Yves Minatchy évoque différents dossiers qui retiennent l’attention de la Chambre d’Agriculture.

Jean-Yves Minatchy, où en sommes-nous dans le dossier des engrais ?

- Dans son discours jeudi, le président de la République a parlé de monopole. Nous le prenons au mot. Depuis fin 2007, le coût des engrais n’a cessé d’augmenter. Il est lié au prix du baril de pétrole. Quand le baril était à 60 dollars, la tonne coûtait 400 euros. Quand le baril est monté à 140 dollars, la tonne d’engrais valait 800 euros. Aujourd’hui, alors que le prix du baril est en dessous de 40 dollars, que le prix des matières premières a diminué de 40 à 45%, le prix de l’engrais est aujourd’hui à plus de 800 euros, alors qu’en France, il est à 440 euros la tonne. Si on n’arrive pas à arrêter ce mécanisme qui bloque l’économie, on pénalise les agriculteurs. 2.000 hectares de cannes n’ont pas pu recevoir d’engrais, nous risquons de perdre au moins 80.000 tonnes.
La balle est dans le camp du gouvernement, sinon chacun devra prendre ses responsabilités. Cela est valable aussi pour les co-produits de la canne. Quand la bagasse sera reconnue comme biomasse, alors nous demandons que la prime bagasse soit de 14 euros par tonne de cannes.

Quelles peuvent être les convergences avec la lutte des Guadeloupéens ?

- Le gouvernement dit que sur 132 revendications du collectif LKP, 131 sont prises en compte. Dans ces 131 revendications figure l’exonération de la taxe foncière non bâtie pour les agriculteurs.
Dans son discours, le président de la République a parlé d’injustice. Nous savons que cette taxe n’existe plus en Corse depuis 1993. À La Réunion, elle s’élève annuellement à 153 euros par hectare, contre 50 euros dans l’Hexagone. Si la taxe est supprimée en Guadeloupe, et puisque nous avons appris que les mesures décidées pour la Guadeloupe s’étendront à tous les DOM, alors la taxe foncière non bâtie doit être supprimée.
Nous constatons également la faiblesse du pouvoir d’achat des retraités dans l’agriculture. Après avoir donné le dos au soleil pendant plus de 40 ans, 75% d’entre eux ont une pension qui les situent en dessous du seuil de pauvreté. Nous revendiquons la revalorisation des plus petites retraites pour qu’elles puissent atteindre au minimum le seuil de pauvreté dans un premier temps. Nous militons aussi pour le versement d’une prime annuelle de 300 euros pour les agriculteurs retraités.

L’usine du Gol annonce un plan social qui prévoit plusieurs dizaines de licenciements. Pour se justifier, l’usinier invoque un tonnage de cannes trop faible. Qu’en pensez-vous ?

- La diminution de la production de la canne est un faux débat. Je ne vois pas trop pourquoi certains tiennent un tel discours aussi pessimiste.
Lors de la dernière réunion de l’interprofession, nous avons proposé aux usiniers de signer une motion demandant la baisse du prix de l’engrais, ils ont refusé. Mais si l’engrais est trop cher, alors la quantité utilisée sera plus faible, et la production de cannes diminuera. Alors que veut-on ?

M.M.

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