Laurent Zitte, photographe

« Se construire ou se reconstruire » à travers son image

24 décembre 2008, par Jean Fabrice Nativel

Laurent Zitte photographie des Sans Domicile Fixe portois en costume cravate. Voilà qui est inhabituel ! Il nous donne là une autre image de ces personnes. C’est justement sur l’image de soi qu’il travaille avec elles.

Comment vous est venue cette idée ?


- Elle est née d’une rencontre avec Maryse Dache, la Présidente du Comité des Chômeurs et des Mal Logés du Port. Elle me raconte les difficultés vécues au quotidien par les SDF. Leur situation me préoccupe car qui sait de quoi demain sera fait ? Nous discutons puis nous convenons d’utiliser le support photo pour que ces personnes puissent se construire ou se reconstruire. Mais pas seulement...

Pouvez-nous en dire un peu plus ?


- Notre regard à nous doit également évoluer car avant d’être ce qu’ils sont aujourd’hui, ces personnes avaient une autre vie. Elles étaient pères, mères de famille, et travaillaient. Elles étaient comme vous et moi. Les regarder avec bienveillance est une attitude qui leur permettra de se regarder autrement. Certes, ils sont SDF. Mais ils sont avant tout des hommes et des femmes. Voilà ce qui est important pour moi.

A l’occasion de l’“Arbre de Noël” du Comité des Chômeurs et des Mal Logés du Port, les SDF ont posé tour à tour devant votre objectif, ils paraissaient à l’aise ?


- Ils ne paraissaient pas, mais ils étaient à l’aise. Les bénévoles les préparent avec soin. Depuis trois années, je les photographie. Nous nous connaissons, il y a une certaine complicité entre nous. Puisque je dispose d’un appareil photo numérique, je visionne avec eux les clichés. Ils sont étonnés de se voir ainsi. Ils se redécouvrent. Ils sont habillés décemment et valorisés. Ils retrouvent une certaine joie. Ils existent et ce n’est pas seulement en apparence.

Vous leur remettez des photographies, je suppose. Les gardent-ils ?


- Ils les gardent un moment sur eux. Puis ils les remettent à leurs familles. Elles sont surprises de les voir bien habillés. Ces personnes retrouvent en l’espace d’un instant de la dignité. Ils sont beaux.

Il est encore trop tôt pour parler d’exposition. Laurent Zitte nous réserve très certainement une surprise. Ce qui importe aujourd’hui, « c’est que notre regard évolue ». Les SDF ne sont pas des parias. Il ne sert à rien de leur jeter la pierre. Et puis, cette attitude, que peut-elle nous apporter ? Et bien, rien ! Le fait que de nos jours, des personnes vivent dans la rue, ce phénomène l’affecte. « Parmi elles, de plus en plus de jeunes, dont des femmes », observe-t-il.

Jean-Fabrice Nativel

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Messages

  • Oté mon Dalon,
    lé gayar. Merci.
    Ta démarche est humaniste, comme la majorité de tes projets photographiques. ça me fait du baume au coeur de voir, que sur mon île bien aimée dont je suis si éloignée, à la veille de Noël, il y a encore du coeur et de l’esprit. Qu’il y a encore des Réunionnais qui ne se perdent pas dans l’hyper consommation.


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