Jean-Claude Savignan, militant PCR

Ses convictions aiguisées par ses expériences

5 mai 2009, par Jean Fabrice Nativel

In journé lé pa asé pou koz avèk Jean-Claude Savignan. Se militan na in bon zafèr pou di. A la in ponyé.

Impossible d’arrêter Jean-Claude Savignan lorsqu’il se met à parler ! Tant mieux, il a tant à dire. Et d’une, il milite au PCR et tout particulièrement la section de Saint-Leu depuis le siècle dernier. Le déclic est — même si c’est un moment douloureux — le décès d’Amédé Ludovic, son grand-père, lui aussi militant “rouge”. Le jour de son enterrement, le corps ne reçoit pas la bénédiction. Car « on le soupçonne d’être communiste ». Cet acte injuste le marque. « À oui, je lisais », se souvient-il, “Témoignages” qui, à l’époque, était imprimé sur deux pages.

À “Témoignages”, se rappelle-t-il, « j’étais journaliste bénévole comme d’autres camarades ». La semaine, notre reporter se lançait en quête des dysfonctionnements de la Mairie de Saint-Leu, dont la maire était Marie-Thérèse de Chateauvieux. Chaque mardi soir, le comité de Rédaction se réunissait « chez M. Masionel au Port » en présence « de Roland Robert, le regretté Lucet Langenier, Claude Hoarau, Marie-Thérèse Masio, Raoul Lucas, Ary Yee Chong Tchi Kan ». Avec celui-ci, il apprend les ficelles du militantisme — depuis 1968. Raymond Lucas et Yves Grondin l’encouragent dans cette voie.

« L’ordre est donné de nous chasser de la Mairie de Saint-Leu »

Pour intimider Jean-Claude Savignan, il faut « se lever de bonne heure ». 21 ans était l’âge légal de vote à cette époque. Un rendez-vous qu’il n’a pas manqué, il fait même partie des membres du bureau de vote de Piton Saint-Leu avec « Jacques Trulès ». On doit élire un maire. Se disputent ce fauteuil Marie-Thérèse de Chateauvieux et Roland Robert. Arrive le dépouillement, « chaque bulletin sorti de l’urne portant le nom de Roland Robert » est crié... Marie-Thérèse de Chateauvieux. Malgré cette manœuvre, il la devance de 250 voix. Peu de temps après, « l’ordre est donné de nous chasser de la Mairie de Saint-Leu », raconte-il, sous les menaces des nervis. Jean-Claude Savignan ne cède pas. Le lendemain matin, dans les colonnes du le “JIR”, il apprend la victoire de Marie-Thérèse de Chateauvieux.

« Les pompiers nous aspergent d’eau »

Autre élection, autre manœuvre. On doit élire cette fois-ci le conseiller général de Piton Saint-Leu. Comme candidats, il y a Hippolyte Piot, Gaston Hoarau… Jean-Claude Savignan, cependant, remarque des véhicules de pompiers stationnés à la hauteur du cimetière, donc non loin de la mairie servant de bureau de vote. Toute la journée coule sans incident. Jusqu’au moment où le président du bureau refuse de noter toute observation. À l’extérieur, « les partisans de Gaston Hoarau se regroupent dans un coin ». Jean-Claude Savignan et Jacques Trulès restent dans le bureau. Contre toute attente, « les pompiers nous aspergent d’eau ». L’avance de 800 voix d’Hippolyte Piot y est peut-être pour quelque chose ? Le lendemain, dans les colonnes du “JIR”, ils apprennent la victoire de Gaston Hoarau.

« L’argent carnet » lui est refusé

Une autre mésaventure de ce Saint-leusien — certes courte, mais ô combien injuste — est une demande à la Mairie de Saint-Leu pour obtenir « l’argent carnet » destiné à sa famille. Elle lui est refusée en raison de son appartenance politique. Il ne baisse pas les bras, bien au contraire, ses expériences le renforcent dans ses convictions et il participe aux élections et victoires de Mario Hoarau (Maire) et de Jean-Max Hoarau (Conseiller général). Il a même été acteur.

“Vichcoq”, une pièce de théâtre

Une facette que l’on découvre. Avec ses dalons Jean-Max Hibon, Lilian Cantina, ils créent “Vichcoq”, du théâtre anti-militarisme, une critique du gouvernement qui fait travailler des personnes en service militaire pour 15 paquets de cigarettes Gauloises, qui plus est, sans filtre. La médiatisation de cette œuvre reçoit le concours d’Ary Yee Chong Tchi Kan et “Doudou Gonthier”. C’est un véritable succès populaire, joué devant 3.000 personnes au stade de football de Saint-Louis. À Saint-Leu, Marie-Thérèse de Chateauvieux n’apprécie guère une telle initiative et use « de pression pour qu’elle ne soit plus jouée ». Peine perdue.

Son métier de maçon, il l’apprend sur les chantiers. Il a été syndicaliste à la CGTR Bâtiment, juge prud’homal, siège à la COTOREP et à la commission paritaire pour les salaires du BTP. À 58 ans, il continue à militer sans oublier ses amis comme Ariste Bolon. À la tête de la section PCR de Saint-Leu depuis cette année, il relève qu’aujourd’hui, « on peut discuter avec l’actuel maire de Saint-Leu ».

Jean-Fabrice Nativel

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