Yannick Bernardeau, porte-parole de l’intersyndicale de la CFDT-CFE, CGC, CGTR et SNJ

« Tous les salariés de Sas Le Quotidien soutiennent les bas salaires »

20 juillet 2010, par Céline Tabou

Le porte-parole de l’intersyndicale de la CFDT-CFE, CGC, CGTR et SNJ, Yannick Bernardeau, revient sur les revendications des salariés du Sas Le Quotidien, en grève depuis huits jours, et suivie par 70% du personnel.

Quel a été l’élément déclencheur de cette grève ?
— Il s’agit de l’enlisement des Négociations annuelles obligatoires, qui ont débuté au mois d’avril. La Direction a refusé une hausse des salaires, dont les plus bas sont inférieurs à 1,4 SMIC. Nous avons donc déposé un préavis de grève à l’occasion d’une Assemblée générale, et l’avons fait savoir à la Direction. Par la suite, les dirigeants ont refusé de discuter de la revalorisation des salaires, et c’est à partir de là que nous avons décidé de nous mettre en grève.
Il faut bien comprendre que nous avons trois conventions collectives, car nous sommes de la presse quotidienne départementale. Il y a la convention journalistique, la convention des employés de presse et la convention des cadres de la presse. Il existe au niveau national des négociations annuelles sur la hausse des salaires pour couvrir l’inflation obligatoire.
Il n’existe pas de participation salariale à la Sas Le Quotidien, ce qui signifie que l’entreprise ne reverse pas une partie de ces bénéfices aux salariés. De plus, il n’y a pas eu d’intéressement depuis deux ans, qui aurait pu couvrir cette absence de participation.
Après avoir informé les salariés de la situation financière du groupe, ils ont pris conscience que les actionnaires et dirigeants s’octroyaient d’importants dividendes, qui pourraient être reversés aux salariés, sous forme de hausse de salaire pour les bas salaires, ou de prime exceptionnelle, en une fois pour cette année seulement.
Cette revendication montre que tous les salariés en grève sont solidaires des plus bas salaires.

Contrairement à la situation de la presse écrite, qui est en crise, les chiffres que vous avez révélés démontrent que le groupe “Le Quotidien” fait d’importants bénéfices, qu’en pensez-vous ?
— C’est pour cette raison que les syndicats et salariés ont annoncé que la holding MediaFi, qui contrôle la Société mère SPR, dont la Sas Le Quotidien est une filiale à 100%, a les moyens de redistribuer ses bénéfices aux salariés du groupe.
La crise de la presse existe, mais pas à la Sas Le Quotidien, qui dégage des bénéfices de 1,3 million d’euros depuis 2005, dont seulement 150.000 euros ont été reversés aux salariés. On a démontré que le groupe “Le Quotidien” a distribué les bénéfices aux actionnaires et dirigeants, alors que les salariés sont dans la même situation depuis des années.
Nous réclamons donc des hausses de salaires pour les plus bas revenus et une prime pour les revenus au dessus de 1,4 SMIC. D’autant plus que le journal a été augmenté de 0,20 centimes d’euros pour pouvoir tirer des bénéfices, nous souhaitons profiter de ces bénéfices.

Quelles sont vos perspectives au vu du rendez-vous avec la Direction du Travail ?
— Nous avons demandé qu’une médiation soit organisée avec la Direction du Travail et les dirigeants de la Sas Le Quotidien. La Direction du Travail a pris contact avec notre Direction, qui n’est pas obligée d’accepter. Celle-ci a refusé, et ne souhaite pas avancer sur les revendications évoquées. Toutefois, la Direction a consenti jusqu’à présent une avance de 0,5% à valoir sur les négociations de branche de la presse quotidienne départementale.
Nous allons saisir la Commission départementale de résolution des conflits, qui est contraignante pour la Direction, qui doit accepter la médiation. En effet, cette commission est composée de syndicat patronal et de syndicats de salariés, présidé par la Direction du Travail. Si les choses n’évoluent pas, nous allons faire appel au préfet, pour lui poser la question sur l’utilisation des exonérations de charges sociales, et la défiscalisation qui profite aux dirigeants et non aux salariés.

Propos recueillis par Céline Tabou

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