Yves Gigan, secrétaire général de la Fédération CGTR de la Fonction publique territoriale

Une fenêtre de tir pour faire aboutir les revendications

16 mars 2009, par Manuel Marchal

Sur 31.000 agents qui ont participé aux élections professionnelles, la grande partie des travailleurs des collectivités territoriales ont des revenus inférieurs à 1,4 SMIC. Le CGTR-Fonction publique territoriale est engagée pleinement dans une bataille immédiate, la revalorisation des bas salaires, et sur une autre à plus long terme : la question du statut des agents de la fonction publique territoriale à La Réunion.

Quelle est la situation dans la fonction publique territoriale à La Réunion ?

- Lors des dernières élections professionnelles, il a été dénombré 31.000 agents, dont 90% en catégorie C. Sur ce nombre, 9.000 sont titulaires, dont 5.000 en catégorie C. Il y a des milliers de contrats aidés. Quant au nombre d’employés communaux permanents, il se situe entre 15.000 et 16.000. La rémunération de ces employés communaux va du SMIC à 1,4 SMIC.
Au sein d’une même équipe, on a des disparités de statuts entre le titulaire, l’intégré en CDI, le contractuel en CDD, le contrat aidé.
La fonction publique territoriale assure les missions de service public de proximité, et à La Réunion, ses missions sont exercées par un personnel à 80% non-titulaire, un personnel en grande partie précaire. Par ailleurs, des agents travaillent depuis 25 à 30 ans dans une collectivité, gagnent entre 1.300 et 1.400 euros et n’ont jamais pu suivre de formation. La question des revenus se pose aussi parmi les titulaires. Lorsqu’une personne est reçue à un concours de catégorie C, puis est nommée, elle reçoit un salaire de 1.500 euros. On ne peut pas dire qu’elle fait partie des nantis. Et pour la très grande majorité des agents de la FPT à La Réunion, le salaire est inférieur à 1,4 SMIC. Ce qui explique pourquoi la hausse des salaires est une revendication immédiate pour la CGTR-FPT.

Dans sa plateforme, le COSPAR revendique une hausse des bas salaires de 200 euros. Quelle est la place de la CGTR-FPT dans le mouvement social actuel ?

- Nous sommes dans les groupes de travail du COSPAR. Nous avons aussi adressé un courrier à l’Association des Maires pour demander une audience afin de lancer rapidement des discussions sur les bas salaires dans la fonction publique territoriale.
La CGTR-FPT était dans la rue le 29 janvier, le 5 mars et le 10 mars, elle sera dans la rue le 19 mars. Dans toutes les collectivités où nous sommes présents, nous avons appelé à la grève.
Quand le préfet dit que l’État va mettre 100 euros pour les bas salaires dans la fonction publique, nous voulons savoir comment. Nous n’avons reçu aucune information, si ce n’est pas voie de presse.
Au-delà des revendications salariales qui touchent l’immédiat, nous posons aussi la question du statut des employés communaux, afin que plus personne ne soit dans la précarité. Nous sommes dans une situation inverse de la Métropole : là-bas, 80% des employés communaux sont des titulaires.
Avec le débat sur la LODEOM, la mobilisation autour du COSPAR, et bientôt les États généraux, nous avons une fenêtre de tir pour faire aboutir nos revendications.

Comment allez-vous poursuivre la mobilisation ?

- En décembre dernier, nous avons tenu un congrès qui nous a permis de nous réorganiser. Nous sommes en train de dresser un état des lieux de la situation de la fonction publique territoriale à La Réunion pour que cette question soit abordée au niveau national, au sein du Conseil supérieur de la Fonction publique territoriale. Cette question a été évoquée lors de la venue de Bernard Thibaut, secrétaire général de la CGT, à l’occasion des 40 ans de la CGTR. Nous posons des problèmes de fond : majoration des salaires, prix, plan de formations. La Fonction publique territoriale remplit des missions de proximité, et ses principaux usagers sont les plus démunis, ce qui veut dire que toute attaque contre la territoriale, c’est une double peine pour La Réunion. Nous constatons un retard dans la dotation des postes…
Le 19 mars, un mouvement se profile à l’échelle nationale, et ici, nous sommes dans une situation dramatique. Au vu du contexte, nous resterons fermes sur nos revendications.

Propos recueillis par M.M.

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