15 ans, mauricien et hospitalisé chez nous

23 mars 2006

Vous êtes tranquillement occupé à vos fonctions de tous les jours. Ces fonctions, vous pensez les maîtriser et, en général, vous vous en sortez. La vie s’écoule et les jours qui passent ressemblent aux jours passés.
Et puis, un coup de fil. À l’autre bout, une voix que vous connaissez vous propose de prendre part à "un gros problème qui arrive". Votre train-train se dérègle brutalement. Ce dont il s’agit, c’est bien autre chose que les demandes de subventions ou les interventions auxquelles vous êtes rodé et pour le traitement desquelles les institutions disposent de services et de cadres compétents. Là, c’est différent...
Il s’agit d’un gamin de 15 ans. Il est né et habite à l’Île Maurice. Il est, semble-t-il, de milieu modeste. Il souffre d’une "lésion inhomogène dans la métaphyse du fémur gauche, avec extension à la diaphyse et à l’épiphyse". Cela se complique d’une "rupture de la corticale avec diffusion sous-périostée, plus marquée sur bords latéraux et postérieurs". Cela touche la moelle dans la partie moyenne du fémur.
Votre amie Catherine Gaud vous dira qu’il s’agit là d’un méchant cancer du fémur, que l’amputation de la jambe concernée est un risque mais pas l’issue obligatoire et que, à l’Île Maurice, les moyens sanitaires existants ne peuvent (effectivement) pas soigner ce genre de problème.
La famille a consulté le CHD de Bellepierre. À La Réunion, nous disposons de ce qu’il faut pour l’intervention qu’il est urgent maintenant d’entreprendre. Urgent car il importe de bloquer toute diffusion de la métastase. Pour que cela ne vire pas rapidement à l’inéluctable.
Le problème vous est posé à l’autre bout du fil : existe-t-il un régime d’aide qui permettrait que cet enfant mauricien soit soigné dans un hôpital à La Réunion, sachant, et Catherine Gaud le confirmera, qu’il faut compter 48 heures d’hospitalisation par semaine pendant un temps indéterminé et que le prix de la journée d’hospitalisation et de soin dans un tel cas se situe aux alentours de 1.000 euros par jour ?
La réponse est non. Vite, corrigeons : "Normalement non". Normalement, car...
Rappelons-nous Talleyrand : "Administrer, ce n’est pas tout empêcher au nom du règlement, mais tout faciliter au nom du bon sens".
Catherine va s’y mettre de son côté, mon interlocuteur et moi du nôtre...
Ce gamin de 15 ans aurait été notre enfant ou notre petit-fils, nous aurions apprécié que les frontières de l’humanitaire voient plus loin que celles de notre seule île et que, 60 ans après une départementalisation qui a "atteint ses limites puisqu’elle a atteint son but", nous puissions imaginer l’unité de la zone où un même peuple doit apprendre à s’entraider.
C’est pourquoi nous sommes donc aujourd’hui quelques-uns à nourrir un bel espoir... Une sorte d’espérance pour qu’un gosse de quinze ans vive demain...

R. Lauret


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