2007 : et à gauche ?

3 août 2006

Ségolène Royal saura-t-elle convaincre ses amis que la réflexion assassine d’un des courants du PS ("Elle ne peut pas s’appuyer sur son état de femme. Cela n’en fait pas une Femme d’État...") relève davantage de l’intention misogyne malveillante que de la réalité vraie ? Saura-t-elle démontrer qu’elle incarne une certaine modernité dans un PS qui n’a jamais été autant orphelin de François Mitterrand depuis le schisme de 2002 ? Qu’elle peut donc faire oublier Jospin, Strauss Khan, Fabius, Aubry et autres ?
Si elle réussit ces parcours d’obstacles, il lui restera à contenir l’indifférence des autres partis et à passer le 1er tour de la Présidentielle.
Lionel Jospin était, il y aura cinq ans demain, le candidat incontesté du Parti Socialiste. Mais déjà pas celui de la “gauche”... On sait ce qu’il advint. La France métropolitaine n’est pas La Réunion. Chez nous, le P.C.R. avait senti que la “caricaturisation” de la démocratie menait à la catastrophe politique. En jouant, non pas le jeu des partis mais bel et bien celui de notre pays, il avait poussé les candidats à se positionner sur une plate-forme réunionnaise. Sur cette base, il avait choisi de ne pas jouer le jeu de la dispersion des voix.
Il s’inscrivait dans une forte logique d’alliance qui sort, pour les dépasser, des (nécessaires) clivages idéologiques. La politique qui rassemble : tel était son mot d’ordre mobilisateur. L’audace était sans arrière-pensée. Elle se voulait responsable. Elle s’est poursuivie avec, en 2004, une liste aux Régionales. Et une significative victoire.
De cet état d’esprit, on en est loin, en France. La leçon de 2002 n’a-t-elle donc pas été comprise et retenue ? Difficile de croire que “la gauche” serait atteinte de cécité ou d’amnésie.
Tout porte plutôt à croire qu’il manque aujourd’hui des perspectives claires, un projet fort, des partis suffisamment mobilisés pour étouffer les dérisoires prétentions de certains au profit d’une Alliance qui transcende les différences pour en faire une force.
Chacun va vouloir y aller parce que personne ne croit dans la volonté de l’autre de coller à un grand dessein dont la noblesse et l’ambition tourneraient le dos à la tendance qui prévaut actuellement. Leur drame : ils n’ont pas un Paul Vergès, ils n’ont plus de François Mitterrand.
Que le nom de José Bové soit cité comme candidat, que certains voient alors dans le leader d’une certaine paysannerie qui entend sauver l’authentique et l’avenir un possible dénominateur commun parce qu’il dit se démarquer des clichés du candidat classique : un faut-il pas y voir le signe qu’il y a un nouveau projet de société à inventer qui soit en totale rupture avec tout ce qui fait les débats d’aujourd’hui ?
N’est-il pas symptomatique qu’un Réunionnais socialiste, Dominique Rivière, en créant son “cercle Albius”, se propose avec tous ceux qui le voudraient bien "de contribuer à réunir les conditions d’un dialogue fondé sur le respect mutuel, autour d’un projet", tout en précisant qu’"il ne s’agit pas d’adhérer mais de débattre, non de présenter des candidats aux élections, mais d’éclairer le chemin ?". Quelque soit ce qui motive notre compatriote, il est bon que s’élargisse encore plus le front de ceux qui plaident pour le dialogue... et l’Alliance !

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus