29 mai : la vraie victoire...

25 mai 2005

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Tout porte à croire que, pour ce qui est du référendum de dimanche prochain, comme on le dit familièrement, les carottes sont cuites. De toute façon, le “non” a déjà remporté une grande victoire politique. Et comme de surcroît les sondages lui donneraient une avance bien plus importante que ce qui est dit publiquement, on ne s’étonnera pas que les calculs de lendemains électoraux se font d’ores et déjà, ici et là, dans cette hypothèse.
Nicolas Sarkozy devrait à droite, tirer les marrons du feu. On pourra compter sur lui pour pousser à mettre sur le dos de Jacques Chirac, la responsabilité de la déconvenue. Une manière un peu grossière, mais bien conforme au personnage et sans doute fort efficace, de s’offrir une voie dégagée de tout adversaire du poids pour la conquête de l’Élysée. Car en dehors de l’actuel président, personne, croit-il, ne peut lui résister !
À gauche, Jospin recollera-t-il les morceaux au P.S. alors qu’il apparaît que l’électorat socialiste s’est très largement démarqué de la direction de ce parti et que l’abandon de ses troupes en 2002 est resté dans bien des mémoires ? Une autre configuration est-elle envisageable entre le P.C.F., le P.S. de gauche, les Chevénementistes, ceux des écologistes qui ont rejoint le flot des Français qui visent une Europe sociale qui regarderait les peuples plutôt que cette Europe du capital qui nous a proposé une recomposition du paysage économique qui mène à la décomposition sociale ?
Un ami élu régional nous disait récemment que, quel que soit le résultat final du 29 mai, le “non” a déjà gagné parce que, d’une part ses partisans ont su poser les vraies questions et ont obtenu une prise de conscience qui a traversé toute la société. D’autre part, les blocs ont volé en éclats et ont consacré l’émergence d’une nouvelle manière de concevoir la politique. À La Réunion, l’Alliance a donné l’exemple. Elle a montré tout l’intérêt qu’il y a à mettre ensemble nos différences, pourvu que l’on sache regarder dans la même direction. La démarche n’est pas facile, mais elle a le mérite de forcer chacun à davantage d’humilité et au respect des autres. Ce serait la plus belle de toutes les victoires.

R. Lauret


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