600 TOS ne vont pas manquer de se poser la question

4 février 2008

La question ? Elle a été évoquée en fin d’Assemblée Générale de “Réunion Entreprendre” jeudi dernier. Et bien plus d’un des nombreux administrateurs présents ce soir-là (tous pourtant fort bien intégrés aux rouages de notre vie économique, sociale ou administrative) ont montré qu’ils n’ont qu’une idée bien vague et superficielle du régime indemnitaire des élus de notre République. Et les bras leur en sont tombés quand ils ont appris que, par exemple, les Etablissements Publics de Coopération Intercommunale de La Réunion - Cinor, Cirest, CCSud, Civis et TCO - comptent pas moins de 68 vice-présidents qui, à côté de 5 présidents, coûtent à la nation quelque 200.000 euros par mois. Oui, par mois.

La question ? Les 600 TOS qui se retrouvent aujourd’hui au chômage ne vont pas manquer, eux non plus, de se la poser : comment l’Etat peut-il se retrancher derrière les difficultés de la Nation pour leur supprimer un emploi pourtant utile à la collectivité et, dans le même temps, rendre légal ces indemnités que certains élus ont le privilège de cumuler et d’accumuler souvent aux revenus d’une profession qu’ils exercent toujours. Pire, un décret en date du 25 juin 2004 (décret n°2004-615) avait autorisé de substantielles augmentations des indemnités des Maires et Maires adjoints, des Présidents et Vice-présidents d’EPCI.

La grandeur d’un Bertho Audifax a été, même après qu’il fut battu aux dernières législatives et que ses colistiers croyaient sans doute qu’ils allaient enfin pouvoir lui opposer leur “droit”, de refuser de voir la légalité lui imposer ce qui est contraire à la morale. Et Bertho amène aujourd’hui certains responsables de son camp politique à s’interroger : cela peut-il continuer ?

La pudeur d’un Roland Ramakistin, candidat bien placé pour l’emporter à Trois Bassins, a été d’annoncer qu’il reverserait à une ou plusieurs associations sportives de sa commune une des trois indemnités que la légalité lui octroie s’il devenait Maire, Conseiller général et Vice-président du TCO.

Notre honneur - sans que cela soit une surprise - c’est qu’Elie Hoarau est totalement en phase avec notre démarche. Et il donnera évidemment lui aussi l’exemple s’il est élu à Saint-Pierre.

Notre satisfaction, c’est que de nombreuses personnalités de la vie civile et religieuse nous ont dit leur approbation et avoué qu’elles étaient à mille lieues de penser que le régime indemnitaire français couvait un tel laxisme. Car, vous vous en doutez bien, ces personnes n’ont pas manqué de mettre des noms sur certains cumulards à la vénalité particulièrement prononcée.

Notre difficulté, car tout cela n’est pas simple, c’est de faire comprendre qu’à l’exception de ces cumulards-là (et on les rencontre partout) ceux qui en profitent ne sont pas forcément à montrer du doigt. C’est l’Etat qui autorise, qui légalise ce qui ressemble - n’hésitons pas devant le mot - à une imposture : on paye grassement certains élus pour leur seule présence. Et comme si cela ne suffisait pas, cette présence n’est pas obligatoire puisqu’il suffit qu’il y ait “le quorum” pour que les assemblées délibèrent valablement. D’où certains cas d’élus pris à mille autres tâches qu’on ne les voit que furtivement, sinon jamais...

Raymond Lauret


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