À Daniel et Georges-Marie, si vous m’en jugez digne...

11 janvier 2005

(Page 2)

S’il est des signatures qui me convertissent à la lecture, ce sont bien les vôtres, quel que soit le sujet sur lequel vous choisissez de vous exprimer. Vous maniez tous les deux la plume avec un talent remarquable. Vous n’êtes jamais ennuyeux et vos sujets toujours judicieux. La liberté que l’un de vous deux prend parfois avec la langue de Voltaire n’altère en rien, bien au contraire, sa vivacité et sa grande beauté. Quant au classicisme de l’autre, il n’y a rien à dire.... Vous êtes ici parmi les meilleurs.
J’avais “suivi” votre échange récent sur le parler créole, ce parler qui, tout naturellement, déborde et se nourrit de notre culture, se baigne dans l’océan de notre Histoire et colle à la vérité de notre peuple. Et j’ai aimé.
J’ai aimé que, tout compte fait, vous vous rejoigniiez (en créole, j’aurais plus d’assurance à dire “zot lé d’accord !”) sur l’essentiel. Et comme il a raison celui de vous deux qui dit que "pour notre langue, lorsque les linguistes et autres sommités s’en emparent et se battent, comme cela se passe depuis maintenant un demi-siècle, c’est le créole - la langue et même l’Homme - qui trépasse" !
Mais, Dieu merci, je crois déceler dans notre paysage culturel des indices qui montrent que le bon sens tient la route. Et vos lettres qui, je le répète, vous rapprochent plus qu’elles ne vous séparent sur ce problème, en sont des signes forts.
Si jamais vous deviez effectivement vous retrouver assis à la même table pour causer de tout cela en dégustant un café, sachez que cela ne me serait pas indifférent d’être convié moi aussi. Histoire de vérifier tout simplement que je partage avec vous deux des positions communes sur la place de ma langue maternelle dans ma vie de chaque jour.
Je marche sur vos âges et espère bien un jour vous rattraper dans ce qui fait votre force à chacun : la faculté de dire avec l’aisance des hommes libres ce qui est ancré au plus profond de vous et qui, je le vois, honore votre passé de militants, puisque, à l’image du bon vin, vous vous bonifiez avec le temps.
Alors, si vous m’en jugez digne...

R. Lauret


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