À Lisbonne, un soir de victoire de la France...

29 juin 2006

Ces Portugais, ce qu’ils peuvent être chauvins ! Ils n’aiment que le Portugal ! Même quand leurs voisins d’à côté, qui toute l’année leur tournent le dos et les toisent d’en haut, même quand les “grands” Espagnols donc se font virer de la Coupe du Monde par la France (leur seconde patrie, juste après le Brésil !), ils ne bougent pas d’un cil ! J’ai pu le vérifier mardi soir à Lisbonne, escale obligée entre les Açores et Paris.
Jean-Yves Dalleau, qui a l’air de connaître les grandes artères de la capitale lusophone, m’avait suggéré : “A Arte da Comida” vaut son pesant d’euros. Et comme en plus il y avait dans la salle un poste de télé qui retransmettait notre France-Espagne à nous, je ne pouvais qu’opiner.
Passons sur le steak de Morue. Ça n’a rien à voir avec notre “rougail la morue” à nous, mais c’est bon. C’est du costaud dans votre assiette. Trois pommes de terre vapeur et bien aromatisées d’ail roussi complètent le plat. Jean-Yves a du goût... Surtout que la bouteille qu’il choisit en connaissance se laissera vider toute seule !!!
Passons donc sur le côté très terre-à-terre de notre virée gastronomique en capitale du Portugal et venons en à l’essentiel. L’essentiel, c’est cette salle bien sympa où une télé nous indique qu’au penalty généreusement accordé aux Ibériques, Ribéry a déjà répliqué. Et dans cette salle bien remplie de dîneurs, figurez-vous que, tout le monde ne s’occupe que de son assiette ! Je vous le dis ! Du match, ils s’en contrefoutent !
J’en suis intimement choqué. Des Espagnols et des Français, ils n’en ont rien à cirer, nos Portugais ! Permettez-moi d’insister : notre huitième de finale à nous, ça ne les fait pas en bouger une, comme dirait le Président de notre République à nous !
Alors, vous devinez bien que ce qui devait se passer se passa. Quand Vieira catapulta dans les buts espagnols “la ballounna”, dans toute la salle, quelqu’un, un seul, leva les bras et cria sa joie : c’était moi ! La salle, alors... enfin alors... tourna la tête... regarda... s’étonna et reprit le cours normal de son activité : manger... et, entre eux, rigoler !
Lorsque (un peu plus tard) Zidane paracheva notre affaire, je me vengeais : je les regardais, passant les yeux levés de table en table. Et alors, miracle, trois ou quatre convives applaudirent mon audace de tout à l’heure. Je les applaudis à mon tour, histoire de leur signifier que je ramène dans mes valises trois fanions du Portugal dont je fus dimanche dernier un sincère supporteur qu’il s’est agi pour eux d’affronter les Pays-Bas !
De retour du restaurant, remontant à pied la très longue et très large avenue de la “Libertad”, avec Jean-Yves, nous pouvions faire deux constats. Le premier, c’est ma confirmation que du match des autres, les Portugais s’en moquent. En plus des drapeaux rouge et vert de la nation (il y en a partout... et quand je vous dis partout, c’est vraiment partout !), ils pronostiquent un Portugal - Brésil demi-finale. À Zidane et Barthez de les faire mentir !
Notre second constat, c’est l’extraordinaire beauté des voies - piétonnières et automobiles - de Lisbonne. Je l’avais noté déjà à Horta, aux Açores : le pavé y est roi. Des pavés à perte de vue, sur des kilomètres et des kilomètres carrés... Des pavés partout, partout... et d’une éblouissante harmonie.
Je pensais alors à Idriss Issa du “Quotidien”. Il y a quelque temps, il s’était ému qu’une entreprise réunionnaise avait fait venir quelques ouvriers portugais pour paver les trottoirs du centre-ville du Port. Nous avions sur ce point, et par presse interposée, échangé. Je l’ai mardi soir constaté : oui, trois fois oui, en matière de pose de pavés, nous avons tout à apprendre des ouvriers portugais...

R. Lauret


Commentaires d’un lecteur

À propos du Libres propos “Saint-Pierroise, SDFC, USB : pas que le Mondial...”

Un article m’a interpellé car il comporte deux petites erreurs, dans l’édition du 22 juin.
La comparaison entre l’éventuelle défaite de l’équipe de France face au Togo, avec l’élimination de Reims par El Biar est jolie et plausible mais voici les deux erreurs principales :
Cette élimination de la Coupe de France se produit en 1957, et non en 1953, exactement le 2 février 1957, et en France (Toulouse) ! 2-0. Et surtout même s’il s’agissait du grand Reims, manquaient à l’appel Fontaine et Piantoni (blessés) et Kopa (au Real Madrid). L’attaque à belle allure toutefois se déclinait ainsi Hidalgo, Glovacki, Bliard, Leblond et Vincent. Il y eut d’ailleurs une revanche amicale à Alger l’été suivant, avec une victoire 6-0 de Reims et trois buts de Fontaine, rétabli, ce Fontaine, meilleur buteur toujours de la Coupe du Monde de football avec 13 buts (record imbattable).
Tout ceci m’amène donc à vous préciser que ces détails sont dans le superbe livre "Just Fontaine, Mes 13 vérités sur le foot" que j’ai co-écrit avec Just Fontaine, et qui est paru chez Solar en avril.
J’ai aussi réagi à cet article, car ma sœur vit à La Réunion où elle a trouvé mon livre, et j’ai visité ce beau pays, Saint-Denis, Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Gilles, etc., où j’espère revenir un jour pour plus de temps.
Salutations.

Jean-Pierre Bonenfant


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