À notre Premier ministre, Marco Boyer aurait volontiers parlé de travail...

22 mai 2006

Oublions quelques instants qu’il porta le C.P.E. et s’y entêta avant d’être obligé de tout retirer ; oublions encore qu’il eut un jour des propos un peu légers qu’il ne sied pas à un futur Premier ministre de tenir quand il parle de la France ; oublions également qu’il lit avec application et un certain talent des discours que ses services ont préparés et qui dépassent trop les attentes de ses interlocuteurs pour ne pas déclencher, en même temps qu’applaudissement, sourires sceptiques, voire incrédulités. Oublions donc, en un mot comme en cent, que l’on peut toujours se dire que Dominique de Villepin est un chef de gouvernement qui a besoin, par les temps qui courent, de se faire applaudir. Oublions qu’à Saint-Leu par conséquent et par exemple, il eut le compliment trop abondant pour le maire de la cité pour qu’on n’y voit pas quelques sous-entendus qui avaient un fort parfum d’annonce pour les prochaines législatives au cas où le sortant ne pourrait pas revenir.
Oui, oublions tout cela et oublions même qu’il était maladroit de sa part de citer une solution d’incinérateur au moment où l’opinion publique réunionnaise, une partie non négligeable de celle-ci en tout cas, s’y déclare opposée. Oublions encore qu’il aurait pu - et c’eût été normal - regretter le zèle inutile de quelques hommes du service d’ordre à Gillot contre les manifestants de la CGTR et se rappeler qu’en France métropolitaine, la contestation syndicale est autrement plus virulente.
Je vous propose d’oublier tout cela et de relever qu’alors qu’il venait d’apprendre la nouvelle escalade médiatique qui à Paris enfonçait davantage et l’homme qu’il est et la fonction hautement gouvernementale qu’il incarne, il sut faire preuve d’une certain panache pour rester dans son rôle de Premier ministre venu remplir sa fonction et tenir la promesse faite trois mois auparavant à notre île sinistrée.
Oui, il y avait de l’allure - du panache, je vous dis - chez ce Premier ministre dont les sondages du moment annoncent pourtant la fin politique proche ! Il avait de l’allant et de la voix, notre Dominique de Villepin dont on pouvait se demander vendredi quelle mouche l’avait piqué le jour où il choisit de coltiner du “Galouzeau” à son nom déjà bien anobli ! Il semblait sincère dans son propos et heureux de se sentir aimé par les gens que Jean-Luc Poudroux avait conviés pour lui faire oublier Sarkozy, Ségolène, Clearstream et surtout ces foutus sondages qui ne comprennent rien à l’engagement total de ceux qui se vouent et se dévouent pour la chose publique.
Marco Boyer, la veille lors d’un petit-déjeuner avec Jean-Laurent Faubourg, avait confié au “Quotidien” qu’à notre Premier ministre, il aurait volontiers parlé de travail, « de ce travail bien conduit d’un homme de courage qu’on attendait et dont on avait besoin ; l’œuvre étant utile, il fallait qu’on s’engage face à tous les défis pour voir un peu plus loin... ».
Vendredi à Saint-Leu, regardant et écoutant Dominique de Villepin, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’elle est lourde à porter la croix de nos ministres premiers, surtout quand ils semblent trop jeunes pour s’imposer à un entourage qui ne rêve qu’à occuper la place à leur tour, quitte à les en chasser sans ménagement.

R. Lauret


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